
La livraison de la CIN doit être facilitée aux citoyens-citoyennes
Suite aux récentes dispositions du Parquet de Port-au-Prince, demandant à tous les citoyens et citoyennes d’avoir toujours en leur possession une carte d’identification, le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) se préoccupe de la lenteur enregistrée dans la livraison de la CIN.
« Il faut compter 3 à 4 mois environ pour satisfaire une demande de carte d’identification nationale et 22 jours à un mois pour une réimpression de ladite carte », informe le Chargé de Communication de l’ONI, Jean François Alexis, dans un entretien accordé au GARR. Le processus d’impression des cartes est lancé sur la base d’un quota de cartes à imprimer, et cela influe sur les délais de livraison, souligne-t-il.
Pour des raisons diverses – accident, vol de sacs à main ou de portefeuilles, incendie -des citoyens et citoyennes peuvent se retrouver d’un jour à l’autre privés de documents importants comme la Carte d’Identification Nationale. L’exemple public le plus récent étant cet incendie déclaré le 12 février 2012, dans un camp d’hébergement à Carrefour Péan, ou une soixantaine de tentes ont été détruites et où des déplacés-es ont eu leurs documents d’identité réduits en cendres, selon plusieurs témoignages.
Obtenir une réimpression autrement dit un renouvellement de sa carte d’identification nationale n’est pas chose aisée.
« Je ne sais quoi faire, se plaint une dame, l’air contrarié, au siège de l’Office National d’Identification (ONI). Un employé vient de me dire que mon nom ne figure pas dans la base de données. A cause de cela, je n’aurai pas droit à une réimpression de ma carte d’identification nationale (CIN). »
Un mois de cela, des bandits lui avaient arraché sa valise au Boulevard Jean Jacques Dessalines ; Sa carte CIN était dedans. « Je regrette d’avoir mis mes pièces dans mon sac. Autrement, je ne serais pas dans cette situation », soupire cette femme qui se dit être à plusieurs reprises la cible des voleurs. « Récemment j’ai perdu mon portable », confie-t-elle, disant préférer dix mille fois perdre un portable que de perdre ses pièces. « Retrouver des documents perdus dans ce pays est un calvaire », lâche-t-elle en laissant le 12 février, les locaux de l’institution publique située à la rue Babiole dans la Capitale haïtienne.
Les responsables de l’ONI se disent conscients des complications liées à la réimpression de la carte d’identification nationale. « Les gens qui ont fait leur CIN avec l’aide de deux témoins, reviennent souvent avec des informations incohérentes pour appuyer une demande de réimpression. », indique le Chargé de Communication de l’ONI, ajoutant que c’est impossible pour les opérateurs de retracer cette personne dans leur base de données.
Selon M. Alexis, le seul moyen pour l’ONI de retrouver la vraie identité de la personne est de disposer d’une copie de son acte de naissance ou de son extrait d’archives. « Mais, à ce stade, les gens qui n’ont pas d’acte ou d’extrait ou qui ont déjà des problèmes d’enregistrement aux Archives Nationales vont abandonner tout en accusant l’Office de ne pas vouloir leur donner la possibilité d’avoir une deuxième CIN. », renchérit M. Alexis.
Selon le décret de juillet 2005 portant création de l’Office National d’Identification, la CIN est plus qu’une carte électorale, elle sert aussi à l’identification. « En exigeant des citoyens et citoyennes la présentation de leur pièce d’identité, nous contribuons à freiner l’insécurité et la délinquance juvénile. », déclare le Commissaire de Port-au-Prince, Me Jean Rénel Sénatus, au cours d’un entretien avec le GARR. Plusieurs interrogations s’imposent : L’ONI ne dispose t-elle pas d’autres moyens pour vérifier l’identité du requérant ou de la requérante qui sollicite une nouvelle carte ? A quoi sert l’empreinte digitale inscrite sur la CIN ?
L’Etat ne devrait-il pas s’assurer que tous les citoyens et citoyennes détiennent déjà cette CIN avant d’appliquer ces mesures ? Que faire de ceux et celles qui ont en leur possession des reçus de l’ONI en bonne et due forme et qui, pourtant, n’ont jamais pu obtenir leur CIN après plus d’une année d’attente ?
En outre, des campagnes de sensibilisation en tout lieu sur l’importance de la CIN notamment dans les sections communales reculées du pays, s’avèrent nécessaires.
Le droit à l’identité reste un droit fondamental de la personne et le GARR exhorte toutes les autorités concernées par le dossier de l’Etat Civil et de l’Identification à éviter d’une part, une pénalisation abusive des citoyens-citoyennes et d’autre part, à mettre en place des mécanismes pour répondre plus favorablement aux doléances des requérants-es en ce qui a trait à la livraison ou le renouvellement de la Carte d’identification nationale.
No Comments