Une mère perd ses deux enfants et sa cousine dans un trafic de personnes à la frontière haïtiano-dominicaine
 Sonia Innocent, originaire de Forêt-des-Pins, a perdu ses 2 enfants(Nimise 6 mois et Miledis 3 ans), ainsi que sa cousine Julienne 19 ans, dans une région désertique située entre Oviedo et Pedernales, dans les montagnes de Bahoruco. Cette famille avait été abandonnée dans cette zone par deux trafiquants, Telès et Soli, qui leur avaient promis de les conduire en République Dominicaine. Les trois personnes seraient mortes de soif, de faim et d’épuisement après plusieurs jours de marche. Sonia Innocent très affaiblie, a eu la vie sauve, grâce à un éleveur de chèvres qui l’a secourue in extremis.Alertée par ce drame, une délégation de la Pastorale haïtienne du diocèse de Barahona, dirigée par le Père Pedro Ruquoy, s’est rendue sur les lieux, le 19 août 2003, en compagnie de Mme Innocent qui a pu retrouver le cadavre de sa cousine déjà en décomposition. Face aux aspérités de la région, la délégation a dû rebrousser chemin et n’a pas pu poursuivre la recherche des dépouilles des deux enfants qui se trouveraient à plusieurs heures de marche plus loin. Sonia Innocent avait quitté Haïti à la fin du mois de juillet 2003 accompagnée de ses deux enfants, de sa cousine et des deux passeurs, originaires eux aussi de Forêt-des-Pins. Dans l’incapacité de payer les sommes exigées par des intermédiaires qui évoluent dans des chemins plus accessibles, les deux femmes avaient accepté l’offre des passeurs Télès et Soli pour pouvoir effectuer le voyage. En cours de route, elles ont été abandonnées après avoir été dépouillées de leurs effets. La mort de ces 3 membres d’une même famille, parmi eux des enfants en bas âge, illustre bien le caractère tragique et inhumain de ce trafic de personnes qui a cours à la frontière haitiano-dominicaine.  Ce mouvement illicite, très lucratif pour certains, fait chaque jour des victimes. Lors de la 3ème Assemblée Générale du Réseau Binational Jeannot Succès de Défense des Droits Humains, tenue à Port-au-Prince entre le 4 et le 6 juillet 2003, des moniteurs et monitrices de la frontière avaient attiré l’attention de l’assemblée sur le sort de plusieurs ressortissants haïtiens morts ou laissés pour morts dans les mornes par les boucones. Les organisations qui observent la situation des droits humains à la frontière ont à maintes reprises dénoncé l’impunité dont jouissent ces trafiquants en dépit de l’existence d’une législation dans les deux pays sanctionnant ce genre de trafic. Â
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