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Pour libérer la parole des sans voix dans les bateys

Au lancement de la 3ème édition du Festival International du Film Haïtien de Montréal, la journaliste, Nancy Roc, commissaire du festival, a mis l’accent sur l’exposition « Esclaves au Paradis » qui vise à sensibiliser le grand public sur les conditions d’esclavage contemporain vécues par les coupeurs de canne haïtiens en République Dominicaine.« La liberté n’a pas été octroyée aux esclaves haïtiens en 1804 : ils l’ont conquise » rappelle Nancy Roc. Aujourd’hui, a-t-elle poursuivi, « au nom de cette Liberté, au nom de ceux qui se sont sacrifiés pour elle, la Fondation Fabienne Colas souhaite briser le silence, dire la vérité, libérer la parole des sans voix dans les bateys, les plantations sucrières de la République Dominicaine, pour que le cri des braceros, près de 500.000 en République Dominicaine, soit enfin entendu. » L’intégralité de son discours vous est proposée ci-dessous.
Madame la Présidente,Chers partenaires,Chères et chers collègues de la presse,Mesdames et Messieurs, En premier lieu, permettez-moi de vous remercier de votre présence à cette conférence de presse autour de la 3ème édition du Festival International du Film Haïtien de Montréal (FIFHM). La Fondation Fabienne Colas tient à vous remercier doublement car, cette année, il ne s’agit pas seulement pour elle d’évoquer le cinéma et le divertissement mais de relever un nouveau défi : le FIFHM abordera, désormais et grâce à la précieuse collaboration du Réseau Liberté, des thèmes cruciaux pour la société haïtienne et les pays du Sud en général. À cette occasion, le FIFHM présente en grande première en Amérique du Nord et en prélude au festival, l’exposition internationale « Esclaves au Paradis » de la photographe franco-péruvienne Céline Anaya Gauthier. Cette exposition vise à sensibiliser le grand public sur les conditions d’esclavage contemporain vécues par les coupeurs de canne haïtiens en République Dominicaine. Elle sera accompagnée d’un colloque, intitulé «Sang, Sucre et Sueur » qui se tiendra dans les locaux de Radio Canada le 19 septembre, avec des experts internationaux venus d’Haïti, de la République Dominicaine, des États-Unis, de l’Europe et de la Zambie ainsi que des institutions québécoises engagées dans le développement de projets binationaux, en Haïti et en République Dominicaine.« La grandeur d’un peuple se mesure à sa capacité d’assumer son histoire, celle d’une société à s’avouer les crimes dont elle porte encore les traces, celle d’un État à dénoncer les actes de barbarie que ses institutions, en des temps qui ne sont pas si lointains, ont pu cautionner. Il nous faut sans cesse lutter contre cette lâche tendance à cacher, à taire ce dont nous avons honte, comme si l’on pouvait, en ne disant pas, faire que ce n’ait jamais eu lieu.» Au nom de ces principes, la Fondation Fabienne Colas, en partenariat avec le Réseau Liberté est fière d’oser aborder la problématique des bateys et de l’esclavage contemporain en République Dominicaine car, comme dirait la journaliste et écrivaine indienne engagée Shashi Deshpande, « qui n’a pas conscience de son histoire, en est forcément dépossédé.» Toutefois, nous constatons avec peine et une certaine consternation, que cet événement n’a pas reçu le soutien du gouvernement haïtien qui devrait être le premier acteur concerné par l’esclavage contemporain subi par ses ressortissants en République voisine. Ce n’est pas de façon anodine que l’équipe de la Fondation Fabienne Colas a choisi le 23 août pour lancer sa campagne de presse et de sensibilisation. Cette date a en effet une signification symbolique puisque, pendant la nuit du 22 au 23 août 1791, a eu lieu à Saint-Domingue (actuellement Haïti et République Dominicaine), un soulèvement d’esclaves qui a fortement influencé le processus d’abolition de la traite négrière. Chaque année, le Directeur général de l’UNESCO invite tous les États membres à organiser des activités et des événements commémoratifs pour marquer cette journée. Les Nations unies ont célébré, le 23 août 2002, la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition. Le directeur général de l’Agence des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), Koïchiro Matsuura, a rappelé que cette journée commémore l’insurrection qu’a connue l’île de Saint-Domingue, révolte qui a ébranlé le système esclavagiste et donné naissance au processus d’abolition de la traite négrière transatlantique. Appelant à « institutionnaliser la mémoire et à empêcher l’oubli », Koïchiro Matsuura a invité le public « à organiser, à susciter et à soutenir toutes les activités qui pourront être de nature à mieux faire connaître la traite négrière et l’esclavage, à favoriser la réflexion éthique sur sa portée et ses conséquences, notamment les formes nouvelles d’esclavage, et à stimuler la solidarité avec les peuples qui en ont été victimes. » Jamais un mot n’a été prononcé contre l’esclavage contemporain que subissent les Haïtiens depuis des décennies en République Dominicaine. Tout le monde connaît les belles déclarations universelles qui clament que l’esclavage est un crime contre l’humanité, que l’esclavage est la négation des principes des droits de l’homme et pourtant il existe aujourd’hui près de 200 millions d’esclaves dans le monde. La liberté n’a pas été octroyée aux esclaves haïtiens en 1804 : ils l’ont conquise. Aujourd’hui, au nom de cette Liberté, au nom de ceux qui se sont sacrifiés pour elle, la Fondation Fabienne Colas souhaite briser le silence, dire la vérité, libérer la parole des sans voix dans les bateys, les plantations sucrières de la République Dominicaine, pour que le cri des braceros, près de 500.000 en République Dominicaine, soit enfin entendu. Plutôt que de dénoncer, nous avons choisi de sensibiliser; plutôt que d’exclure, nous avons choisi de rassembler. Car il est clair qu’une solution durable pour les braceros ne pourra jaillir que d’un accord commun entre les Haïtiens et les Dominicains. De l’abolition à l’esclavage contemporain, de l’esclavage à la vraie liberté, la route est encore longue, très longue…Malgré tout, nous espérons qu’avec l’événement, « Esclaves au Paradis » à Montréal, cette route paraîtra comme l’inéluctable, l’incontournable chemin vers la réalisation de rêves communs et de solutions concrètes pour de meilleurs lendemains sur une même île : Hispaniola. Nous tenons à remercier Droits et Démocratie qui accepté de parrainer cet événement, en particulier son ex-président Jean Louis Roy et aussi Nicholas Ghaletti qui nous a accompagnés tout au long de ce projet; le Réseau Liberté pour sa collaboration infaillible; tous les partenaires qui se joints à cette formidable aventure que constitue l’Événement « Esclaves au Paradis » à Montréal, et les membres de la presse ici présents. « Esclaves au Paradis » à Montréal se concrétisera à travers trois activités majeures : la projection de films sur la problématique des bateys, notamment avec le documentaire choc de la réalisatrice Cubano-américaine, Amy Serrano, « Sugar Babies » ( les «Enfants du Sucre» qui ouvrira le Festival); la tenue du colloque international «Sang, sucre et Sueur» qui aura lieu le 19 septembre, dans les locaux de Radio Canada de 9hAM Am à 17hPM et l’exposition inédite en Amérique du Nord, « Esclaves au Paradis », signée par Céline Anaya Gautier, qui se tiendra du 18 septembre au 2 octobre à la Galerie MosaïkArt, 4897 boul. St Laurent. Nous tenons, ici, à souligner le courage, la détermination et surtout le regard d’une photographe humaniste et engagée qui a engendré tant de tumultes à Paris et, aujourd’hui, tant d’intérêt profond à Montréal. Enfin, sur une note plus personnelle, je remercie Fabienne Colas, présidente de la Fondation Fabienne colas, de m’avoir accordée sa confiance pour mener à bien la tenue du colloque et de l’exposition; toute l’équipe dévouée de Réseau Liberté et de la Fondation; les volontaires et Émile Castonguay, directeur de la Programmation du Festival, qui restent toujours dans l’ombre et qui, pourtant, apportent toute la lumière à la réalisation de cet événement. Je vous remercie.Nancy RocCommissaire de l’exposition « Esclaves au Paradis » à MontréalEt coordonnatrice du colloque « Sang, Sucre et Sueur »Montréal, le 11 septembre 2007.

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