Un plus grand effort est réclamé aux journalistes dans le traitement des informations sur Haïti et la République Dominicaine
Un groupe de journalistes haitiens et dominicains s’est réuni ce samedi 24 novembre à l’hôtel Châteaubrillant au Canapé Vert pour réfléchir ensemble sur les résultats d’une étude réalisée par le Groupe Médialternatif et Espacinsular sur la tendance des médias haïtiens et dominicains face aux relations binationales durant les 3 dernières années.Les résultats du travail présentés respectivement par les journalistes Jose Luis Soto et Ronald Colbert montrent qu’il y a eu amélioration depuis la dernière rencontre à Santo Domingo, en 2004, entre les journalistes de l’île, mais qu’il reste encore beaucoup à faire.Parmi les principaux thèmes retenus pour l’étude, figurent la migration, les droits humains, la frontière, le commerce et l’économie. L’orientation et la tendance des messages transmis ont été étudiées à travers les textes d’information et d’opinion.Du côté d’Haiti, l’étude révèle que les médias haïtiens couvrent de plus en plus les informations relatives aux relations dominicaines et le thème dominant demeure la migration. Par ailleurs un manque d’intérêt a été remarqué pour les thèmes liés à la culture, l’environnement (sauf en cas de desastre ou l’organisation de foires). Les thèmes genre et frontiere ne sont pas considérés à leur juste valeur. En outre, aucun article n’a mentionné la question du trafic d’armes à la frontière, selon les analystes. La tendance dominante du coté d’Haïti reste l’information et la dénonciation.En République Dominicaine, la question haïtienne est omniprésente dans la presse. Les thèmes dominants sont la migration et la frontière. La tendance principale est de défendre la patrie contre le « danger haitien ». Toutefois il existe des médias et journalistes qui souscrivent à une démarche de renforcement des relations entre les 2 pays.La tendance observée chez les médias considérés durant la période de l’étude (dénonciation d’ un côté et défense de l’autre) ne contribue guère, en réalité, à améliorer les relations entre les deux peuples, estiment les analystes qui recommandent aux médias de l’île d’ accorder beaucoup plus d’ importance aux informations liées aux loisirs et sports concernant les 2 pays, une attention plus soutenue à la culture, à l’environnement, aux femmes migrantes et aux organisations de défense des droits de la femmes qui dans certains cas, peuvent représenter une source privilégiée d’ information.Outre ces recommandations, les analystes encouragent les médias haïtiens à mener une campagne de plaidoyer pour encourager chez les autorités haïtiennes des initiatives visant la gestion, la sécurité et la protection de la frontière ; à donner la parole beaucoup plus aux membres de la société civile et aux migrants ; à mieux contextualiser les thèmes traités.Du côté dominicain, les recommandations émises soulignent la nécessité d’organiser un processus de sensibilisation auprès des acteurs et actrices qui interviennent dans les médias (directeurs, journalistes) pour les encourager à utiliser un langage non-discriminatoire lorsqu’ils abordent le thème de la migration et des relations haitiano-dominicaines ; de promouvoir les échanges entre les journalistes de l’île afin de renforcer les liens et impulser les alternatives permettant de mieux aborder la thématique haitiano-dominicaine dans les médias des deux pays ;D’autres recommandations ont été formulées en la circonstance, comme celles de prendre en compte les propositions issues des séminaires et rencontres binationales déjà réalisés, de créer des réseaux de communication avec les journalistes des deux pays pour permettre des échanges d’ informations sur la réalité économique, sociale et politique des deux sociétés ; enfin, promouvoir les accords de coopération et d’échanges entre les journalistes haitiens et dominicains incluyant des visites dans les deux pays pour une meilleure connaissance de l’histoire et des coutumes haïtiennes et dominicaines.Au nombre des principaux journaux analysés du côté d’Haïti, figurent : Le Nouvelliste, Le Matin, Haiti Observateur, Haiti Progrès et Haïti en Marche. Les informations diffusées par des médias en ligne comme Alterpresse et Radio Kiskeya, ont été également considérées. Les analystes dominicains, de leur côté, ont examiné les textes de 5 médias dont le Listin Diario, Clave Digital, Hoy, el Nacional et El Caribe.La présentation des résultats a été suivie d’un atelier de travail où les participants ont partagé leurs idées sur ce qu’ils peuvent faire concrètement pour contribuer au changement positif espéré. Plusieurs recommandations ont été émises, telles la multiplication des rencontres binationales ; la mise en place de mécanismes de suivi des rencontres, la mise en place d’un réseau binational de journalistes ; la sensibilisation des responsables de médias ; la création d’un centre d’études haitiano-dominicain et la diversification des sources d’information.La soirée a été clôturée par un gala marqué par la présence de certaines personnalités politiques telles le représentant du gouvernement M. Joseph Jasmin et celui de la Mission diplomatique dominicaine, Pastor Vasquez, qui ont tous deux pris la parole pour encourager les journalistes dans leur mission de quête de la vérité.
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