L’UNESCO recommande la vigilance vis-à-vis des formes contemporaines d’esclavage
Il est certes de notre devoir de ne jamais oublier les atrocités commises par le passé, mais il nous faudrait également être tout aussi vigilants pour travailler à l’abolition des formes contemporaines d’esclavage qui touchent des millions d’hommes, de femmes et d’enfants à travers le monde. C’est l’une des recommandations formulées par le Directeur général de l’Organisations des Nations-Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO), Koïchiro Matsuura, dans un message diffusé à l’occasion du 23 août, Journée Internationale du Souvenir de la Traite négrière et de son abolition.En Haïti, plusieurs activités ont été associées à la célébration de cette journée, notamment la tenue à Port-au-Prince, d’un Forum Binational contre la Traite et le Trafic de personnes, organisé du 20 au 22 août à l’initiative du GARR et d’autres institutions partenaires, au siège du Ministère de la Culture et de la Communication.Nous vous proposons l’intégralité du message.
23 août, Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolitionMessage du Directeur général de l’UNESCOEn proclamant que nul ne peut être tenu en esclavage ni en servitude, la Déclaration universelle des droits de l’homme, dont nous célébrons cette année le 60e anniversaire, consacre en son article 4 un droit fondamental de l’être humain. En cette dixième Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition, célébrons donc la mémoire de ces millions d’hommes, de femmes et d’enfants qui subirent ce déni particulièrement odieux des droits de l’homme, ainsi que de ceux qui se sont battus sans relâche pour mettre fin à cette tyrannie.Cette année, la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition coïncide avec une autre commémoration importante, celle du bicentenaire de l’abolition de l’esclavage par les États-Unis d’Amérique, en 1808. Même si ce texte historique et les autres lois abolitionnistes analogues du début du XIXe siècle n’ont pas fait disparaître l’institution de l’esclavage, elles ont grandement contribué au démantèlement du plus pérenne et du plus vaste système de domination et d’oppression qui ait existé dans l’histoire de l’humanité. Malheureusement, ces tentatives audacieuses pour proclamer des droits fondamentaux universels ont été suivies d’un silence qui a empêché les générations nées après l’époque de l’esclavage de comprendre non seulement la souffrance intolérable de ses millions de victimes, mais encore les profondes transformations économiques, sociales et culturelles causées par la traite à l’échelle mondiale. En effet, ce n’est qu’en 2001 que la communauté internationale a officiellement reconnu cette tragédie sans précédent comme un crime contre l’humanité, dans la Déclaration de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, tenue à Durban, en Afrique du Sud. Depuis 1994, dans le cadre de son projet « La route de l’esclave », l’UNESCO lutte sur deux fronts, contre les préjugés raciaux qui prétendent justifier l’esclavage et contres les forces socioculturelles liguées pour en cacher l’ampleur et l’impact. À travers cet ambitieux projet, l’UNESCO joue un rôle crucial en aidant à faire progresser la compréhension de la traite et de ses conséquences pour les sociétés modernes, en vue de contribuer à l’instauration de cette culture de tolérance, de coexistence pacifique et de respect des droits de l’homme qui est au cœur du mandat de l’Organisation. Tel est pour l’UNESCO le principe directeur qui guide son action dans tous ses domaines de compétence, que ce soit l’éducation, les sciences exactes et naturelles, les sciences humaines, la culture ou la communication. Le projet « La route de l’esclave » vise également à faire prendre conscience de la présence africaine aux quatre coins du monde et de la contribution, toujours passée sous silence, de la diaspora africaine à la construction de mondes nouveaux. Il tire pleinement parti des technologies modernes pour faire connaître au plus grand nombre les résultats des recherches considérables sur les questions relatives à l’esclavage menées de par le monde, et notamment l’élaboration d’un atlas des liens entre la présence africaine et le patrimoine de l’Afrique, outil composé de nombreuses cartes qui tiendra compte des traditions immatérielles constituées au fil des siècles, dont on trouve l’expression dans des activités culturelles aussi diverses que la musique, la danse, l’artisanat et les fêtes qui foisonnent en Afrique, dans les Caraïbes et dans les Amériques. Cet atlas permettra aussi de mettre en lumière la diversité créatrice de nos sociétés multiformes, multiculturelles et interactives, que l’UNESCO cherche à protéger et à promouvoir à l’aide d’instruments juridiques tels que la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, de 2003, et la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, de 2005. Vu l’extraordinaire dynamique créée par la célébration de l’Année internationale de commémoration de la lutte contre l’esclavage et de son abolition, je souhaite que cette Journée internationale offre toujours davantage d’occasions de promouvoir la recherche, de renforcer les réseaux d’acteurs et d’associer de plus en plus de personnes et d’institutions à la commémoration de la traite des esclaves. Il est certes de notre devoir de ne jamais oublier les atrocités commises par le passé, mais il nous faudrait également être tout aussi vigilants pour travailler à l’abolition des formes contemporaines d’esclavage qui touchent des millions d’hommes, de femmes et d’enfants à travers le monde. Malgré l’arsenal d’instruments internationaux créés pour combattre l’exploitation des êtres humains et la conscience grandissante de l’existence du travail forcé, ainsi que du trafic et de la prostitution d’enfants, la triste vérité est que ces violations flagrantes des droits de l’homme se poursuivent. À ce fléau qui ronge le tissu social de tant de sociétés, l’UNESCO s’efforce résolument de mettre un terme. J’invite donc tous les États membres de l’UNESCO à profiter de l’occasion que leur offre cette Journée internationale pour appeler ensemble à une remémoration universelle des événements tragiques du passé et de redoubler d’efforts pour mettre fin à toutes les formes d’oppression, afin de bâtir des sociétés plus tolérantes et plus justes pour les générations présentes et futures
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