Des responsables religieux dominicains critiquent les récents rapatriements de travailleurs haïtiens à la frontière Nord
Le début de l’année 2009 est marqué par des rapatriements collectifs de travailleurs migrants haïtiens effectués au portail frontalier de Dajabon/Ouanaminthe par les autorités migratoires et militaires dominicaines sous les regards critiques de plusieurs responsables religieux en République Dominicaine. Dans une note transmise à la presse, le 5 janvier, le prêtre jésuite Régino Martinez, directeur de l’organisme Solidaridad Fronteriza basé à Dajabon, a exprimé son désaccord face à la decision des autorités d’empêcher la réintégration de 600 ouvriers agricoles haïtiens vers leurs postes de travail sur les plantations agricoles du Nord-Est. Ces centaines d’ouvriers qui s’étaient réfugiés, le 5 janvier, dans l’Eglise Notre-Dame du Rosaire de Notre-Dame pour fuir la deportation, avaient été delogés puis déportés pour la plupart vers la frontière par des militaires du Corps specialisé CESFRONT. Un grand nombre de ces ressortissants haïtiens sont organisés au sein d’une association de travailleurs migrants de la région dénommée ASOMILIN, dont les noms avaient été soumis au préalable aux organismes concernés de l’Etat dominicain, indique la note.Cette liste annexée à des lettres de couverture signées par l’évêque du diocèse local, Diomedes Espinal, avait été adressée respectivement au Directeur général de la Migration, au Commandant militaire de Mao, au responsable du Corps spécialisé de Sécurité frontalière (CESFRONT), à la Police Nationale dominicaine et aux autorités civiles de la frontière Nord pour les tenir informés du processus d’accompagnement de ces travailleurs identifiés et organisés au sein de leur communauté.Cette activité de retour sur les lieux d’embauche des travailleurs migrants haïtiens au Nord de la République Dominicaine, après la période des fêtes de fin d’année passée en Haïti, se réalise depuis 5 ans à la frontière avec l’accompagnement de Solidaridad Fronteriza. On retrouve parmi ces migrants, des travailleurs qui ont déjà accumulé entre 3 et 20 ans sur les plantations agricoles du Cibao, souligne l’organisme frontalier.L’interdiction d’entrée et/ou le rapatriement de ces travailleurs migrants qui voudront coûte que coûte récupérer leurs emplois, vont les pousser dans les bras des trafiquants et des rançonneurs, parmi eux des militaires, en vue d’entreprendre des traversées clandestines de la frontière, prévient Solidaridad Fronteriza. De leur côté, les évêques de Mao et Montecristi, Diomedes Espinal et Valentin Reynoso disent relever une contradiction chez les autorités dominicaines qui entendent appliquer la loi migratoire à la frontière alors qu’ailleurs sur le territoire dominicain, des milliers d’Haïtiens sans papier sont embauchés dans diverses branches de l’économie dominicaine au vu et au su des responsables. Mgr Reynoso a, en outre, rejeté les accusations portées par certains secteurs à l’encontre du Père Regino Martinez qui, selon eux, encouragerait des traversées de clandestins haïtiens. « Tant que la lutte vise à garantir le travail aux plus pauvres, le Père Martinez pourra compter sur mon appui d’évêque auxiliaire de Santiago» a affirmé Mgr Valentin Reynoso.Plus de 1300 ressortissants haïtiens ont été rapatriés-es à la frontière en moins de 36 heures, a rapporté la presse dominicaine, le 7 janvier.
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