Les femmes doivent être intégrées dans tous les plans de reconstruction du pays
Des centaines de femmes ont participé, les 8 et 9 mars 2010, à diverses rencontres à la frontière et à Port-au-Prince où elles ont partagé leur vécu au quotidien et produit des réflexions sur le thème de la reconstruction d’Haïti.Les femmes ne doivent pas être exclues dans les plans de reconstruction du pays, a indiqué un groupe important de femmes au cours d’ateliers de travail tenus à Lascahobas, Belladère et Tomassique, les 8 et 9 mars. Ces femmes qui vivent dans l’aire frontalière ont plaidé en faveur de la décentralisation effective du pays et l’accompagnement psychologique des familles des déplacés-es ayant laissé la capitale pour se réfugier au Plateau central.A Port-au-Prince, plusieurs centaines de femmes issues des camps avoisinant le siège du Groupe d’Appui aux Rapatriés-es et Réfugiés-es (GARR), à Christ-Roi, ont réfléchi dans l’après midi du 8 mars, dans les jardins de l’institution, sur la façon d’intégrer les propositions des femmes dans les plans de reconstruction du pays, et les stratégies à développer pour qu’elles ne soient pas exclues des chantiers en cours ou dans la production de réflexions les concernant.« Pas de reconstruction réelle d’Haïti sans l’intégration des femmes », ont crié en chœur les participantes.« Les différents pouvoirs politiques n’ont jamais pris en compte la participation des femmes. Au Parlement, il y a très peu de femmes et la question de genre n’est pas considérée dans les prises de décision. C’est toujours le même constat d’abandon au niveau de l’éducation, mais aussi de la santé où il faut débourser des sommes élevées pour des césariennes », a souligné une participante. L’assistance a chaleureusement applaudi les différentes propositions visant à aider les femmes à sortir de leurs piteuses situations après le séisme du 12 janvier 2010. « Des femmes se retrouvent sans abri, seules avec des enfants abandonnés par des pères irresponsables. Il y en a d’autres qui se livraient au petit commerce grâce aux prêts contactés. Il faut un endroit où les femmes peuvent emprunter de l’argent en vue de redémarrer leur commerce, même si elles doivent effectuer des remboursements tous les mois. Il faut la gratuité des soins médicaux pour les femmes enceintes qui n’ont pas la possibilité de se les payer. [Dans le cadre d’une nouvelle Haïti], l’Etat doit prendre en charge l’éducation des enfants non scolarisés », a fait savoir une autre participante.D’autres intervenantes ont plaidé en faveur de l’égalité des droits entre hommes et femmes : le droit de travailler dans les chantiers créés après le séisme, de fréquenter l’école ; de faire entendre leurs voix dans les décisions concernant l’avenir du pays, etc.Dans les témoignages sur leur vécu dans les camps, des femmes ont énuméré des difficultés liées à certains stéréotypes en cours dans la société haïtienne sur les rapports entre les deux sexes. Une jeune femme du « Camp KID », à l’entrée de Christ-Roi, a ainsi déclaré : « Lorsque je me baigne, des hommes veulent regarder mon corps en lançant des propos obscènes relatifs à mon sexe ». Une autre participante réclame le placement des toilettes des femmes très loin de celles des hommes. D’un autre côté, des femmes ont dénoncé le comportement de certains occupants qui utilisent leurs récepteurs à plein régime, très tard dans la nuit, ce qui nuit à leur sommeil et à celui de leurs enfants. Elles ont réclamé des séances de formation à l’intention des jeunes hommes du camp.Au cours de cette rencontre au siège du GARR, la plupart de ces femmes installées dans les camps « KID» et « Marie-Anne » à Christ-Roi, en ont profité pour échanger en groupes et chanter ensemble.
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