Le gouvernement haïtien doit remplir ses obligations de protection des femmes et des fillettes contre la violence sexuelle
Dans un rapport transmis à la Presse, le 11 janvier 2011, à Port-au-Prince, Amnistie Internationale constate que les atteintes aux droits humains et notamment la violence sexuelle liée au genre sont monnaie courante dans les camps. Plus d’un an après la destruction de leur maison par un séisme dévastateur, plus d’un million d’Haïtiens déplacés vivent toujours dans des camps de fortune, rappelle Amnistie Internationale. «Les tentes et les bâches n’offrent aux femmes et aux fillettes que peu de protection contre les viols et autres violences sexuelles qui se généralisent dans des camps surpeuplés et en proie à l’insécurité», poursuit l’organisme. Même si Haïti a ratifié des instruments internationaux et régionaux relatifs aux droits humains comme la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, «le pays ne protège pas les droits des femmes et des fillettes» selon l’institution.Le rapport titré : «Doublement touchées, des femmes s’élèvent contre les violences sexuelles dans les camps haïtiens», a été présenté par Gerardo Ducos, chercheur, accompagné de 3 représentantes d’associations locales de défense des droits des femmes victimes, notamment la KOFAVIV (Commission des Femmes Victimes en faveur des Victimes) et FAVILEK (l’association Femmes Victimes Debout) .«Je vis dans un camp, sous une tente. J’ai été témoin de violence contre les femmes et les fillettes. Et j’ai également été témoin de la réponse totalement inadaptée du gouvernement ; l’Association KOFAVIV a recensé au moins 242 cas de viol depuis le séisme, nous attendons toujours qu’ils fassent l’objet de poursuites» renseigne l’une des responsables de l’association citée dans le rapport.Le document d’une vingtaine de pages présente en couverture une jeune Haïtienne portant un seau d’eau et circulant dans un étroit couloir bordé de tentes de fortune. Le rapport livre plusieurs témoignages de femmes victimes ainsi que leur vécu quotidien dans les camps.Les principales recommandations formulées à l’endroit des autorité haïtiennes par Amnistie Internationale, en fin de rapport, sont les suivantes : développer et mettre en œuvre une stratégie globale pour prévenir et lutter contre la violence liée au genre dans les camps. Dans le cadre de la conception et la mise en œuvre de cette stratégie, le gouvernement haïtien doit garantir une consultation et une participation efficaces et élargies des femmes et des fillettes, recommande l’organisme. Il importe aussi que les autorités effectuent la cartographie de la violence sexuelle et liée au genre incluant l’établissement d’un mécanisme pour recueillir de manière systématique les informations relatives à la nature et à l’étendue des violences liées au genre à l’intérieur et autour des camps. Amnistie Internationale exprime également des recommandations spécifiques au niveau de la prévention et des mesures de sécurité dans les camps. Il exhorte enfin le gouvernement haïtien et la communauté internationale à faire du problème de la violence contre les femmes une «priorité des efforts humanitaires et de reconstruction en Haïti».
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