
Le Département d’Etat américain invite les Dominicains à reconnaitre les descendants d’Haïtiens nés sur leur territoire comme des nationaux
Le 26 Octobre 2011, dans le cadre d’une conférence autour des impacts causés par des mesures de dénationalisation sur la population d’ascendance haïtienne victime en République Dominicaine, David Robinson, représentant du Département d’Etat américain qui intervenait sur le sujet, a encouragé les Dominicains à suivre l’exemple de son pays en acceptant les descendants d’Haïtiens nés sur leur territoire comme leurs nationaux.
« Aujourd’hui aux Etats-Unis, des personnes de différentes origines ont la liberté de valoriser leur culture en se présentant avec fierté comme des dominico-américains, afro-américains ou chino-américains. Nous invitons les Dominicains à embrasser le trait d’union en acceptant les Dominicains d’origine haïtienne comme citoyens à part entière de leur pays » a-t-il dit en substance.
Cette déclaration constitue l’un des moments forts d’une semaine de plaidoyer politique mené, du 24 au 28 Octobre 2011 à Washington DC, par plusieurs organisations internationales et nationales auprès d’institutions américaines et régionales pour dénoncer les mesures de dénationalisation, qu’elles qualifient de « génocide civil », pratiquées actuellement par la Junte Centrale Electorale (JCE) dominicaine à l’encontre des personnes d’origine haïtienne nées en République Dominicaine (RD).
Au cours de cette semaine de plaidoyer, de nombreuses rencontres ont été tenues avec des acteurs clés tels que le Département d’Etat américain, le Congrès américain, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, la Commission Interaméricaine des Droits Humains (CIDH) et des organisations de la Société civile et académiques pour faire avancer le dialogue autour des droits des personnes d’ascendance haïtienne en République Dominicaine.
Lors de ces rencontres, les organisations de la société civile ont réclamé entre autres, le retrait de la fameuse résolution 12/07 sur la base de laquelle la Junte Centrale Electorale Dominicaine suspend de fait un ensemble de droits des personnes d’ascendance haïtienne en refusant de renouveler leurs documents d’identité sous prétexte que ceux-ci font l’objet d’investigation. Une victime de ces mesures de dénationalisation a témoigné devant la CIDH sur les conséquences de ces mesures sur sa vie personnelle et sur celle de nombreuses personnes d’origine haïtienne nées en RD. « Ceux et celles qui font l’objet d’investigations, faute de documents, ne peuvent pas terminer leurs études, entrer à l’université, se marier, trouver un travail dans le secteur formel, en bref, ils/elles évoluent dans un flou légal total », a déclaré Maria qui a expliqué aussi la lutte qu’elle a menée jusqu’ici sans succès pour recouvrer ses documents d’identité retenus par la Junte Centrale Electorale.
La coalition qui a conduit la semaine de plaidoyer a noté que le gouvernement dominicain a fait un léger pas dans la bonne direction en annonçant que les personnes dont les actes de naissance font l’objet d’investigation ne seront plus privées entretemps de leurs documents. Elle estime cependant que d’autres pas sont encore indispensables pour mettre fin aux graves problèmes actuels causés par la dénationalisation de nombreux citoyens et citoyennes dominicains.
Les organisations de la société civile en ont profité pour lancer un appel au président de la République Dominicaine lui demandant de :
Reconnaitre que les personnes nées sur le sol dominicain avant la date du 26 janvier 2010, soient reconnues comme des citoyens dominicains ;
Stopper l’application rétroactive des règlements en matière d’acquisition de la nationalité ;
Protéger tous les citoyens et citoyennes dominicains sans discrimination.
Jusqu’au mois de janvier 2010, avant le changement constitutionnel, tout enfant né en République Dominicaine était dominicain. Actuellement, le statut des citoyens dominicains d’origine haïtienne est en train d’être questionné et les documents d’identité de plusieurs d’entre eux ont été retirés ou refusés.
A l’issue de la semaine de plaidoyer à Washington DC, les organisations de la société civile se sont engagées à continuer leur travail en vue de trouver une solution satisfaisante qui mette fin aux graves violations des droits humains résultant du déni et du dépouillement de la nationalité à des centaines de personnes d’origine haïtienne nées en République Dominicaine. Les Dominicains et Dominicaines d’ascendance haïtienne qui participaient à la rencontre espèrent que leurs voix seront entendues et que leur statut comme nationaux qui aiment leur patrie et qui contribuent au développement de leur pays ne sera plus questionné.
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