
Le GARR s’inquiète de la recrudescence des cas d’assassinat d’Haïtiens en République Dominicaine
Dans la matinée du 11 mai 2019 à Bella Colina (Ouest de Santo Domingo), le nommé Emmanuel Augustin, un migrant haïtien de 33 ans, a été assassiné. Ce meurtre aurait été commis par deux civils dominicains qui étaient armés de pistolets.
Selon les informations communiquées par Alexis Alphonse, représentant du Réseau Frontalier Jeannot Succès (RFJS) à Ferrier (Nord-est), la victime pilotait une motocyclette quand les malfrats lui ont tiré dessus. Il a été atteint de deux balles dont une à la tête et une autre au ventre. Après avoir commis l’acte barbare, les assassins sont partis rapidement avec le véhicule du jeune haïtien.
Transporté d’urgence à un centre hospitalier dominicain, Emmanuel Augustin qui a vécu pendant 17 ans à Santo Domingo, a succombé à ses blessures. Sans autopsie, le corps sans vie de ce père de famille de trois enfants a été rapatrié en Haïti, le 12 mai 2019. Ses funérailles ont été chantées le 13 mai 2019 à Mont-Organisé (Nord-est), sa ville natale.
Lors d’un entretien téléphonique avec le GARR, Chédeline Pierre, femme du défunt, a souligné que les deux présumés meurtriers dominicains dont l’identité n’a pas été révélée, auraient été appréhendés par la police dominicaine.
La jeune femme haïtienne de 28 ans s’est plainte par ailleurs du fait qu’elle est contrainte d’assurer seule la charge de ses trois enfants respectivement âgés de 8 ans, 4 ans et de 15 mois.
Il convient de souligner que le 25 février 2019, Athis Charles, un agriculteur haïtien avait été tué par balle par un militaire dominicain à Paso Sena (localité dominicaine située dans la province de Pedernales). Ce dernier lui avait tiré dessus parce qu’il n’était pas en mesure de lui donner 200 pesos qu’il lui réclamait.
A Belladère (Centre), le 15 mars 2019, un Haïtien connu sous le nom de Dadou François avait été tué par balles provenant des armes de militaires dominicains. Plusieurs autres ont été aussi blessés non loin du point frontalier officiel de Carissal /Comendador.
Selon les informations disponibles, des militaires dominicains ont débarqué à Carissal (côté haïtien) dans le but de récupérer un terrain qui serait la propriété de l’Etat dominicain en vue de la construction d’un mur frontalier. Cette situation avait provoqué des «affrontements» entre des civils haïtiens et des militaires dominicains qui, eux-mêmes, étaient munis de chars d’assaut, d’hélicoptères et de drones. Un communiqué du Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales publié, le 17 mars 2019, avait fait état de la délimitation confirmant que le terrain est la propriété de l’Etat dominicain.
Le GARR croit qu’il est temps que cessent ces actes barbares récurrents à l’encontre des Haïtiens tant à la frontière qu’en République Dominicaine. Il appelle les autorités haïtiennes à exiger de l’Etat dominicain l’aboutissement des enquêtes visant à punir les auteurs et co-auteurs.
Enfin, il exhorte les représentants diplomatiques haïtiennes en République Dominicaine à accompagner les parents des victimes, notamment ceux d’Emmanuel Augustin afin qu’ils puissent obtenir justice et réparation.
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