Haïti supporte l’économie dominicaine de plusieurs façons
Dans un éditorial diffusé le 29 novembre, la Radio Mélodie FM émettant à Port-au-Prince, a fait ressortir les nombreux avantages tirés par la République Dominicaine, dans ses échanges avec Haïti, et appelé à une réglementation des rapports entre les deux pays qui se secteurs importants de l’économie dominicaine comme le sucre et la banane ; et d’autre part, Haïti partagent l’île. D’une part, une main-d’œuvre haïtienne bon marché se retrouve dans des constitue un marché rentable, sûr et garanti pour les produits dominicains.L’intégralité de cet éditorial vous est proposée ci-dessous.{{HAITI – DOMINICANIE: Il est temps de réglementer les rapports avec nos voisins}}A propos de l’interdiction des bananes dominicaines, un ami lecteur auditeur opine : ce sont les migrants haïtiens qui cultivent ces mêmes bananes que nos voisins nous refusent par peur d’une pénurie dans leur pays après le passage de la tempête tropicale Noël, des dizaines de milliers d’immigrants illégaux haïtiens sont employés en république voisine dont la majorité dans les plantations de canne et dans l’industrie agricole en général. Et en même temps, nous sommes parmi les premiers débouchés pour les producteurs du pays voisin en termes de bananes et autres produits alimentaires de base.Haïti supporte donc l’économie dominicaine de plusieurs façons. Pour commencer en lui fournissant une main d’œuvre plus que bon marché. Ensuite un marché extrêmement rentable, sûr et garanti, puisque consistant en produits qui nous sont indispensables. C’est d’ailleurs ce que viennent de démontrer les producteurs dominicains d’œufs. Les œufs faisaient aussi partie de la liste des produits dont l’exportation a été interdite temporairement par Santo Domingo. Les producteurs dominicains ont non seulement fait valoir que les œufs n’ont pas été affectés par le passage de la tempête, mais qu’une partie de leur production est destinée spécifiquement à Haïti. Le gouvernement dominicain a dû accepter d’enlever les œufs de son interdiction.Conclusion : le marché haïtien est indispensable à l’économie dominicaine.Or posons-nous une question : pourquoi cette interdiction concerne-t-elle uniquement Haïti ?D’abord il y a la volonté d’humilier notre pays que l’on ne peut pas mettre de côté étant donné une certaine mentalité revancharde régnant dans une grande partie de l’élite politique dominicaine. Mais plus sérieusement c’est parce qu’il n’existe aucune réglementation dans les rapports entre les deux pays, davantage encore au niveau commercial et migratoire.La victoire remportée par les producteurs d’œufs nous prouve, si besoin était, que les intérêts dominicains sont les seuls qui comptent dans les considérations de Santo Domingo vis-à-vis de notre pays.Rien de plus normal ! Les décideurs haïtiens sont dans une situation d’impuissance absolument inexplicable dès qu’il s’agit de leurs homologues dominicains.C’est l’agence en ligne dominicaine espacinsular qui rapportait ce commentaire d’un historien : le pouvoir dominicain a deux attitudes vis-à-vis du gouvernement haïtien. Soit chercher à l’abattre comme ce fut le cas avec Aristide. Soit chercher à l’amadouer comme aujourd’hui avec Préval.Mais le résultat est le même : maintenir le statu quo. C’est-à-dire continuer à utiliser la main d’œuvre clandestine haïtienne sans faire la moindre concession.Et augmenter de plus en plus la mainmise sur le marché haïtien. Outre les capitaux haïtiens qui à la faveur de l’interminable crise politique que nous traversons (2001-2006), ont choisi de se placer aussi en république voisine. Dès lors la boucle est bouclée.Eh bien, l’Etat haïtien n’a jamais compris la nécessité de mettre un peu d’ordre dans tout cela. Il est vrai qu’il faudrait d’abord commencer par rétablir l’ordre chez nous.Auparavant était l’ordre des Duvalier, consistant à signer des accords annuels pour vendre les coupeurs de canne haïtiens et empocher le prix du sang. Mais depuis 1986 et les funérailles de la Zafra par un certain père Titid, plus rien. C’est le vide total.Un vide dont nos voisins ont su habilement tirer parti, comme on le constate aujourd’hui.Pourtant les responsables des deux côtés se rencontrent régulièrement. On ne sait pas s’il existe d’accord d’extradition entre les deux pays. Mais le gouvernement Aristide avait pu arriver un moment à faire partir le chef rebelle Guy Philippe du pays voisin. Tout comme le pouvoir intérimaire avait cherché à poursuivre les partisans d’Aristide qui avaient pris refuge chez nos voisins.De la même façon, les autorités haïtiennes extradent couramment des ressortissants dominicains recherchés dans leur pays. Sans se poser plus de questions. Mais tout cela dans l’informel le plus total.Par contre, les questions essentielles (et celles-là ne peuvent être traitées dans l’informel), restent inchangées.C’est la question migratoire, dont le laxisme en usage du côté haïtien facilite l’exploitation à outrance de cette main d’oeuvre qui s’offre d’elle même, puisque plutôt l’esclavage que mourir de faim.Et c’est la mainmise sur le marché alimentaire haïtien si totale que nos voisins peuvent décider de nous mettre sous embargo sans même avoir besoin de connaître notre avis.Par contre en cas d’un accord formel, aucune des deux parties ne peut prendre de décision sans en référer à l’autre, et sans prendre en considération les intérêts de l’autre. Outre que ce sont les mêmes paysans qui fuient les champs en Haïti pour aller planter les mêmes bananes que nous vendent nos voisins. Cela sous le même climat et sur la même terre. Outre la contrebande qui règne à la frontière rendant impossible d’établir le chiffre exact des échanges entre les deux pays.Nous avons un proverbe qui résume bien la situation : se sòt ki bay, enbesil ki pa pran.Nos voisins ne sont en rien responsables, c’est nous qui avons choisi comme politique la capitulation. Le plus ironique est qu’on ne voit pas trop pourquoi.Editorial, Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince, 30 novembre 2007.
No Comments