Matinée de réflexions sur le trafic de main d’oeuvre haïtienne vers la République Dominicaine
Le mercredi 18 juin 2003, le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) a organisé au local de Sant Pont Ayiti, une matinée de réflexion sur le trafic de main d’œuvre haïtienne vers la République Dominicaine. Cette date qui correspond à la commémoration du 3ème anniversaire de l’assassinat de six(6) Haïtiens et d’un(1) dominicain à Guayubin dans le Nord-Ouest du pays voisin, a été symboliquement choisie par le GARR pour publier les résultats d’une enquête qu’elle a menée conjointement avec la Plataforma Vida sur le trafic des braceros et leur condition de vie en République Dominicaine. Cette étude qui a paru en 2002 sous le titre original, « Tras las huellas de los braceros », a été rendue disponible en langue française sous le titre, « Sur les traces des braceros ». La présentation de cette dernière édition s’est accompagnée également de la publication d’une affiche qui dénonce le trafic qui a cours à la frontière haïtiano-dominicaine sous l’œil complaisant des autorités des deux pays. « Sur les traces des braseros » offre un large éventail d’informations sur l’organisation du trafic des braceros et sur leur condition de vie. Il présente une analyse des conventions internationales, lois haïtiennes et dominicaines violées au cours de ce trafic, un ensemble d’articles publiés dans plusieurs journaux et revues sur le quotidien de la Zafra de 2001 et de 2002 et un reportage photographique sur la vie dans les bateys. Les rapatriements massifs et inhumains d’haïtiens et de descendants d’haïtiens vers Haiti ont constitué les premières raisons qui ont conduit à cette étude. Les autorités dominicaines donnent toujours comme arguments le fait que beaucoup d’haïtiens entrent illégalement sur leur territoire pour expliquer les expulsions massives et arbitraires. Intervenant à cette matinée de réflexion, Mme Colette LESPINASSE témoigne, « J’ai voulu savoir comment, en absence de contrats formels d’embauchage, les usines sucrières dominicaines continuaient-elles à recruter de la main d’œuvre pour la coupe de la canne. Cette idée m’est venue en discutant avec une femme de troisième génération, née en République Dominicaine de parents haïtiens et qui ne dispose jusqu’à présent d’aucun document d’identité. Elle refusait de se considérer comme illégale et se disait, ‘mes parents étaient venus ici sur la base de contrats officiels entre les deux Etats pour couper la canne. Je ne suis pas responsable si le hasard m’a fait naître ici’ ». Une première enquête qualitative réalisée en l’an 2000 a révélé l’existence d’un vaste réseau bien organisé de trafiquants haïtiens et de dominicains, opérant en toute impunité avec la complicité et/ou la complaisance des autorités des deux pays, facilitant ainsi l’entrée sur le territoire dominicain, de travailleurs haïtiens. Au début de l’année 2001, profitant de la Zafra de l’usine sucrière de Barahona, le GARR et la Plataforma Vida, une association des habitants des bateys de cette usine située dans le sud de la République Dominicaine, ont décidé d’approfondir l’étude pour mieux comprendre le phénomène. Une délégation composée d’avocats dominicains, du Père Pedro Ruquoy de la Pastorale Haitienne du diocèse de Barahona et de rapatriés volontaires avaient fait le déplacement lors de cette séance de réflexion sur le trafic de main d’œuvre haïtienne vers la République Dominicaine. Le Docteur Esteban Sanchez de la Plataforma Vida a profité de la circonstance pour appeler haïtiens et dominicains à faire pression pour que les deux pays ratifient la convention internationale sur la « Protection des Immigrants et leur Famille ». Le père Pedro Ruquoy a témoigné de la situation actuelle dans les bateys et les rapatriés volontaires ont raconté devant l’assistance et aux micros de la presse leurs déboires avec les trafiquants. La séance de réflexion sur le trafic de main d’oeuvre haïtienne vers la République Dominicaine s’est terminée avec la vente signature du livre et la distribution d’affiches.
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