Destruction des jardins des paysans de Maribahoux pour la construction de la zone franche
Depuis le mardi 18 mars 2003, des bulldozers dominicains suivis de camions à bascules, ont commencé à détruire des jardins dans la Plaine de Maribahoux, Nord-Est d’Haïti.Cette opération de destruction a débuté sous la supervision de la déléguée du Département du Nord-Est, Mme Yola Bastien, accompagnée du consul haïtien à Dajabon, Jean-Baptiste Bien-Aimé et d’une unité départementale du maintien de l’ordre (UDMO). Les jardins ont été détruits pour faire place nette à l’implantation de la zone franche industrielle du Groupe M de l’homme d’affaires dominicain, Fernando Capellan.Désespérés, les larmes aux yeux, des paysans ont assisté, impuissants à l’anéantissement de leurs plantations de maïs et de pois presqu’à maturité pour la récolte. Quand l’une des premières victimes a voulu protester, elle a été menacée de mort.Sur les 54 agriculteurs victimes de cette opération de destruction, 14 ont été dédommagés. Il s’agit surtout de petits paysans propriétaires de moins d’un hectare. Les autres avaient refusé la prime de dédommagement fixée à 50 mille gourdes par hectare. Ils comptent engager des poursuites contre le gouvernement haïtien et ont déjà contacté un cabinet d’avocats. Quant aux fermiers, ils n’ont rien reçu.Un arpentage de 55 hectares de terres agricoles à déblayer a été effectué non seulement à Nan Kakawo, mais aussi à Pitobert, un site que l’Etat haïtien, suite aux nombreuses protestations, avait pourtant abandonné.« Cette destruction entreprise par le gouvernement Lavalas, me rappelle les événements que j’ai vécus peu avant le massacre des Haïtiens par l’armée de Trujillo, en 1937 », commente un grand propriétaire terrien à Maribahoux. Il indique qu’à l’époque « On avait, d’abord, persécuté et exproprié les Haïtiens qui, en ce temps là, tenaient le haut du commerce à Dajabon et quelque temps après, le massacre commençait». A l’instar de plusieurs autres grands propriétaires, il refuse de livrer ses terres.Aucune acte officiel déclarant ces terres d’utilité publique n’a été publié ; non plus aucune annonce informant de cette opération de destruction effectuée sous la menace des armes, n’a été faite.Un an plus tôt, le 15 mars 2002, les planteurs de Maribahoux avaient tenu un point de presse à Ouanaminthe pour dénoncer le fait que le gouvernement haïtien livrait leurs terres aux entrepreneurs dominicains sans les consulter et sans un plan d’aménagement pour la région. Le GARR et la PAPDA déplorent l’attitude du gouvernement haïtien qui fait fi de toutes les revendications, recommandations et préoccupations de citoyens et citoyennes de divers secteurs autour de ce projet d’installation de cette zone franche à la frontière haïtiano-dominicaine.(28/03/03)GARR et PAPDA
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