Important mouvement de population à la frontière haïtiano-dominicaine
Plusieurs milliers de personnes ont été refoulées, depuis le début de l’année 2003, à la frontière avec la République Dominicaine au Haut Plateau Central et dans le Nord-Est d’Haïti, selon les informations recueillies par le Groupe d’Appui aux Rapatriés et aux Réfugiés (GARR).Entre le 1er et le 10 janvier, dans la localité frontalière de Tilori (Cerca-la-Source, Plateau Central), plus de 3 mille personnes incluant des femmes et des enfants ont fait l’objet de mesures d’expulsion. La plupart d’entre elles avaient été retenues en prison avant d’être amenées à la frontière. Certaines, dont des bébés, y sont arrivées déshydratées et en piteux état. Des scènes de déportations ont été filmées et diffusées par la télévision dominicaine.Parallèlement, plusieurs groupes de travailleurs en attente de traversée ont été remarqués à Biassou (localité de Cerca-la-Source), à Thomassique et à Banica.La plupart de ces personnes sont des haïtiens et des dominicains d’origine haïtienne qui s’étaient rendus en Haïti pour passer les fêtes de fin d’année avec leurs parents, comme c’est la coutume toutes les années. Sans papier, ils tentaient de retourner là-bas en passant par des points non officiels de la frontière.D’autre part, les passeurs appelés communément « boukonn » sont à pied d’oeuvre depuis fin décembre 2002 en ce qui a trait au trafic de main d’oeuvre pour les plantations dominicaines. Le 7 janvier 2003, deux trailers bondés de ressortissants haïtiens ont franchi la frontière à Dajabon et fait route vers Monte Cristi à destination d’une plantation de melons de la localité de las Matas de Santa Cruz. Les deux véhicules, chargés de sans-papiers, sont passés devant les services de la Douane et d’Immigration dominicains, au vu de tous. Peu de temps auparavant, à Thomassique (Plateau Central), un nombre important d’Haïtiens était pris en charge par des « boukonn » qui assuraient la traversée par petits groupes.Le GARR s’inquiète de ce mouvement de flux et de reflux de population dans une conjoncture de crise politique aiguë en Haïti, à un moment où la République Dominicaine envisage la militarisation accrue de la frontière. Il réitère son appel aux dirigeants haïtiens en vue de freiner ce trafic humiliant de personnes qui se donne chaque année au vu et au su de tous. Il leur demande de travailler avec leurs homologues dominicains pour définir les conditions dans lesquelles le ressortissant d’un pays peut être recruté dans l’autre pays. Il réclame également la régularisation du statut des résidents de longue date afin qu’ils puissent se déplacer sans difficultés.(15/01/03)
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