Pour une réglementation des échanges commerciaux entre Haïti et la République Dominicaine
Le court-métrage « Pasaj », documentaire qui présente la situation des femmes haïtiennes dans les marchés frontaliers, a été projeté au local de l’Institut Français d’Haïti à Port-au-Prince, le 13 novembre 2009. « Le GARR a produit ce film, une façon de rendre hommage aux nombreuses femmes qui fréquentent chaque semaine les marchés frontaliers », a déclaré Colette Lespinasse, Coordonnatrice du Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés(GARR), en présentant l’œuvre. Elle a plaidé pour une réglementation des rapports économiques entre Haïti et la République Dominicaine, des échanges qui ne cessent de prendre de l’ampleur.« Les femmes sont au cœur des échanges commerciaux entre les deux pays, notamment au niveau de la frontière. Malheureusement, ces activités économiques ne sont pas prises en compte par les autorités, et ne sont régies par aucun accord formel ni par aucune réglementation », a-telle déploré. Dans plusieurs occasions, à l’intérieur de ces espaces, des abus et violations de droits humains sont commis par des particuliers et agents publics. Face à la militarisation accrue de la frontière, Mme Lespinasse a déclaré que les militaires ne peuvent pas résoudre tous les conflits au niveau de la frontière et notamment dans les marchés. Il faut d’autres institutions, d’autres dispositions qui peuvent prendre en considération l’aspect culturel et humain dans la résolution des conflits, a-t-elle proposé.Après la projection du documentaire, plusieurs intervenants ont fait part de leurs amertumes en constatant les conditions déplorables dans lesquelles les femmes haïtiennes exercent leurs activités commerciales.Face à des questions récurrentes sur les actions et recommandations pour résoudre les problèmes que montre le documentaire, Mme Lespinasse a rappelé que le GARR, de concert avec le Réseau Frontalier Jeannot Succès(RFJS), a mené une campagne de plaidoyer sur les violations des droits humains dans les marchés frontaliers. Elle a encouragé les autorités du pays à respecter les droits socio-économiques des femmes commerçantes, à agir sur les conditions de vie des femmes haïtiennes dont les charges sociales sont élevées, pour éviter qu’elles ne soient obligées de travailler dans de telles conditions aussi bien dans les marchés haïtiens que dans ceux de la frontière. Mme Lespinasse a rappelé quelques recommandations de plusieurs groupes communautaires adressées à l’Etat haïtien pour améliorer les relations commerciales à la frontière. Parmi ces suggestions figurent la construction de marchés du côte haïtien pour faire pendant aux marchés fonctionnant uniquement en territoire dominicain, ce qui faciliterait une diminution du nombre de personnes obligées de traverser chaque semaine la frontière et les complications que cela engendre; la sécurité durant le fonctionnement des marchés; des informations claires sur les taxes à payer pour combattre la corruption et les extorsions; l’assainissement de l’aire des marchés et l’installation des unités de premiers soins dans ces espaces. L’adoption d’une législation sur le commerce frontalier et la conclusion avec la République Dominicaine d’un accord commercial fixant les conditions de fonctionnement des marchés, sont autant de mesures exigées par des groupes de femmes impliquées dans les échanges économiques au niveau de la frontière haïtiano-dominicaine.Rappelons que PASAJ a été réalisé par le Groupe Medialternatif, une association de professionnels de la communication de masses dont l’objectif est de contribuer à la dynamisation des espaces de communication et d’information dans une vision alternative fondée sur le respect des droits humains. Le réalisateur belge Pieter Van Ecke assisté de l’Haïtienne Evelyne Sylvain présents à l’Institut Français d’Haïti, ont répondu à des questions sur les conditions de réalisation du documentaire. « Pasaj » qui dure environ une trentaine de minutes présente deux principales figures féminines, commerçantes dans leur vraie vie, Anise Jean-Pierre et Rosette Santana. Initialement préparé en Créole, les versions française et Espagnole du documentaire sont déjà disponibles.
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