Des commerçantes haïtiennes victimes d’abus au marché frontalier de Limon, en République Dominicaine
Des commerçantes de Fond-Verrettes, commune frontalière du département de l’Ouest font face à de sérieuses difficultés au marché de Limon, en République Dominicaine, a appris le GARR. «Elles sont régulièrement dépouillées de leurs petits commerces par des militaires dominicains qui les jettent en prison à leur gré pour exiger ensuite le versement d’une rançon en vue de leur libération», a confié le coordonnateur du Comité des Droits Humains dans cette commune, Jean Lestin L. Menès, au cours d’un entretien accordé le 3 mars 2011.Selon M. Menès, la fréquentation de ce marché frontalier dominicain représente un manque à gagner pour les commerçantes de Fonds-Verrettes. « Autrefois, elles pouvaient s’y rendre avec leurs marchandises et retourner dans l’après-midi avec d’autres produits achetés de l’autre côté de la frontière. Cependant, depuis le début de l’année 2011, les choses ont changé. », a-t-il affirmé. « Quand elles vont au marché de Limon avec leur petits commerces constitués le plus souvent de sacs de riz, ces commerçantes retournent dans l’après-midi avec les mains et les poches vides, car des militaires dominicains s’emparent de tout, marchandises et argent. », a-t-il dénoncé.Le coordonnateur du Comité des Droits Humains de Fonds-Verrettes a souligné qu’au cours de ces pillages et agressions de toutes sortes à l’encontre des ressortissantes haïtiennes à Limon, mêmes les animaux assurant le transport des marchandises de ces dernières ne sont pas épargnés. Il a cité le cas d’une commerçante «qui a vu son âne aspergé de gazoline et brûlé vif avec une cargaison de charbon qu’elle venait d’acheter en territoire dominicain».Outre les militaires, des civils dominicains se mêlent aussi de la partie, a confié le militant des droits humains. Il a signalé la mésaventure d’une commerçante de Fonds-Verrettes «dévalisée par un résident de Limon qui l’a ensuite humiliée en la dépouillant des vêtements qu’elle portait». Face à cette aggravation de la situation de violation des droits humains observée depuis le début de l’année 2011, et qui a déjà causé de lourdes pertes dans les rangs des petites commerçantes de Fonds-Verrettes, le Comité local de Droits Humains appelle les autorités haïtiennes «à intervenir en urgence pour défendre les droits de ces citoyennes dont le petit commerce représente la seule source de revenus». En outre, il condamne l’abandon de cette commune par l’Etat central qui s’est toujours désintéressé du sort réservé aux Haïtiens/Haïtiennes dans les marchés binationaux «Il est temps que les dirigeants haïtiens s’engagent à travailler avec les dirigeants dominicains pour sécuriser et régulariser le commerce dans les marchés frontaliers», soutient le Comité de Droits Humains de Fonds-Verrettes, membre du Réseau Frontalier Jeannot Succès pour la défense et la promotion des Droits Humains (RFJS). Il convient de signaler qu’en d’autres points du territoire, comme San José y la Mina et Santiago dans le Nord du pays, la presse dominicaine a fait état de persécutions d’Haïtiens/Haïtiennes en janvier et février 2011 comme les menaces répétées d’expulsions arbitraires voire leur mise à exécution par des civils bénéficiant de la complaisance des autorités. (El Nacional, 28/02/2011, El Nuevo Diario, 28/02/2011, Listin Diario, 28/02/2011).Relevons que le gouvernement Fernandez se positionne depuis l’après-séisme comme l’un des acteurs qui se disent les plus soucieux de la reconstruction d’Haïti et du bien-être de ses ressortissants-es. Dans un discours prononcé le 18 mars 2010 dans le cadre de la Conférence Technique Préparatoire sur Haïti et la reconstruction, le président Leonel Fernandez affirmait que son intérêt à s’impliquer dans la reconstruction d’Haïti n’était guère une forme d’ingérence mais «tirait sa source de l’affection, de la tendresse et de la fraternité éprouvée envers le peuple haïtien».
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