
Funérailles de Rooldine Lindor : appel à un soutien plus actif des autorités vis-à-vis des Haïtiens-nes en République Dominicaine
Les funérailles de l’étudiante Rooldine Lindor assassinée à Santo Domingo ont été chantées dans une atmosphère lourde de tristesse, dans la matinée du mercredi 27 juillet 2011, à l’Eglise Adventiste du 7è jour, à la rue de la Réunion (Port-au-Prince). Les proches de la victime, des étudiants-es, des membres du gouvernement sortant, des parlementaires, des représentants-es d’organismes de défenses des Droits humains dont le GARR étaient présents pour lui rendre un dernier hommage.
Cette cérémonie funèbre était l’occasion pour les camarades d’Université et autres amis-es de Rooldine, de camper, dans leur oraison funèbre, le portrait de cette jeune martyre dont ils disent garder le souvenir d’une fille « sympa, sage, obéissante, charmante, naïve et ayant le sens de l’humour ».
Ces jeunes n’ont pas manqué de fustiger la passivité des responsables de la diplomatie haïtienne en République Dominicaine qui, soutiennent-ils, a failli à sa mission. « Nou pa gen pèsonn ki pou defann nou. Nou tankou pitimi san gadò. Wi mesye lanbasadè, a la malonèt. Menm si l pa sineyas l ap fè teyat ak yon diplomasi payas. A la chay ti bourik la pote. Madanm, se pa de milyon ki bay, men ti pèp la pa gen lamanjay. Se tout tan n ap lonje kwin kay vwazen. Se sa k fè yo pa respekte n. ,yo touye n jan yo vle..l (…) », a dénoncé l’un deux dans un texte lu en la circonstance et salué par une salve d’applaudissements.
Cet intervenant a en outre demandé à ce que cette affaire soit traitée impartialement. « Oui ! Nous étudiants-es, sommes bien soudés jusqu’à ce que la famille Lindor obtienne justice et réparation. Il faut que la lumière jaillisse, pour faire disparaitre les ténèbres telles l’obscurité de la criminalité, les faux ambassadeurs et les faux diplomates. Oui ! il faut que la justice soit rendue ; et ce, de manière impartiale. Trop de gens sont tombés, mais il n’y a eu aucun suivi de leur dossier. C’en est assez, crions-nous. »
Le Ministre des Haïtiens vivant à l’Etranger qui avait pris la parole en son nom propre et en celui de l’équipe gouvernementale sortante, a pour sa part reconnu que jusqu’ici l’Etat haïtien n’a jamais su accompagner les potentiels étudiants haïtiens évoluant à l’extérieur. « Il n’existe pas un programme d’accompagnement pour les étudiants désireux d’étudier à l’extérieur », a concédé M. Paraison. Le ministre a toutefois réitéré l’engagement du gouvernement à accompagner la famille Lindor jusqu’à ce que les circonstances de cet assassinat soient élucidées, « Nous nous engageons à accompagner la famille dans les démarches jusqu’à ce que la justice dominicaine se prononce sur ce crime . », a promis M. Paraison, ajoutant que le gouvernement avait pris les frais des obsèques à sa charge.
Le députe Jean Tolbert Alexis qui avait aussi pris la parole lors de cette cérémonie, a témoigné ses sympathies et celles de ses collègues parlementaires à l’endroit de la famille éplorée. De l’avis du député, Responsable du Groupe des Parlementaires pour le Renouveau(GPR), cette mort doit servir d’opportunité pour « redéfinir les relations entre Haïti et la République Dominicaine ». Il a affirmé en outre la volonté des parlementaires de supporter les parents de la défunte précisant au passage qu’une « enveloppe de 100 000 gourdes » allait être remise au couple Lindor à l’issue de la cérémonie funèbre. Le parlementaire a aussi émis le vœu qu’une maison des étudiants-es soit créée dans chacune des villes où se présente une forte concentration d’étudiants haïtiens-nes en République voisine. Au terme de la cérémonie funèbre, une manifestation improvisée a eu lieu devant l’Eglise, à l’initiative d’une dizaine d’étudiants de l’Université d’Etat d’Haïti(UEH). Ces manifestants ont invectivé les autorités des deux pays et « réclamé justice et réparation pour Rooldine Lindor lâchement assassinée ». Par la suite, le convoi a mis le cap sur le cimetière de Port-au-Prince où repose désormais la dépouille de Rooldine .
Née le 14 mai 1991, Rooldine Lindor était l’ainée d’une famille de 4 enfants. Elle étudiait les Sciences informatiques à l’Université(UTESA). Elle avait été retrouvée morte, le 12 juillet 2011, à Santo Domingo. Ses présumés assassins ont pour noms Rafael Garcia (militaire des forces aériennes) et un civil, Eddy Mendoza.
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