
Réunification des familles haïtiennes en France : L’Etat français n’a pas tenu ses promesses 2 ans après le séisme
Les regroupements familiaux, quand ils sont obtenus se heurtent aux refus de visas produits par l’Ambassade de France en Haïti, explique le Centre Anacaona dans un communiqué publié le 8 janvier 2012.
La suspicion à l’égard des documents légaux haïtiens est érigée en système et l’Ambassade de France en Haïti abuse des défaillances des administrations haïtiennes en matière d’Etat civil, constate l’organisme de droits humains. Les documents à produire changent à chaque rendez-vous avec l’Ambassade ; les rendez-vous sont multipliés alors qu’ils sont obtenus au prix fort ; les délais sont allongés ; des obstacles divers pour le dépôt des dossiers sont dressés. Bref, les procédures excessivement longues et ruineuses constituent des mesures dissuasives pour les demandeurs-euses de visa en Haïti. Il en résulte un calvaire pour les familles haïtiennes qui vivent des séparations insupportables et attendent dans l’angoisse, une réunification rendue chaque jour plus inaccessible par l’Etat français.
Au cours d’une conférence de presse organisée à Paris le 9 janvier 2012, le Centre Anacaona a cité des cas pour illustrer les difficultés sans nombre auxquelles font face des familles en attente de réunification avec leurs proches.
Ainsi, Marjorie, une Haïtienne et son mari de nationalité française, Laurent, peinent depuis 2006, à faire venir les quatre enfants de Marjorie restés en Haïti. En décembre 2010, le couple obtient de la Préfecture des Hauts de Seine, le droit au regroupement familial. Cependant, douze mois plus tard, en décembre 2011, le refus de l’Ambassade de France d’accorder un visa aux quatre enfants plonge les parents dans le désespoir. L’Ambassade exige de nouveaux documents qui n’étaient pas demandés lors de la constitution du dossier, informe le Centre Anacaona.
On assiste à deux violations caractérisées des dispositions internationales en matière de droits humains, poursuit l’organisme. D’ abord, le droit à une Vie Privée Familiale normale, selon l’article 8 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) et le droit prioritaire de la protection de l’enfant, aux termes de l’article 3 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.
Au lendemain du séisme, le 13 janvier 2010, le président Nicolas Sarkozy avait déclaré : « Haïti n’a pas vocation à être un pays martyr« , rappelle le Centre Anacaona de Défense des Droits Humains qui souligne qu’en ce début d’année 2012 les Haïtiens cumulent une double souffrance, « celle qu’ils connaissent dans leur pays qui peine à se relever des ruines du séisme et d’une misère endémique et celle que leur inflige le gouvernement français ».
« Il est urgent que le deux Etats, français et haïtien, parviennent à un accord clair et équitable, pour la simplification des procédures, l’amélioration de l’Etat civil haïtien et des conditions d’obtention des actes. », conclut le Centre Anacaona.
Le Centre Anacaona de Défense des Droits Humains et des Libertés des Haïtiens est membre de la Plateforme des Associations Franco-Haïtiennes (PAFHA) constituée de nombreuses organisations établies en France.
No Comments