Débats sur la migration à Aquin : Les jeunes confrontés-es aux défis du pays et de leur avenir
Plus de 150 jeunes aquinois-aquinoises ont suivi, le 8 août 2008, un panel sur la Migration et la Jeunesse animé par des représentants du Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) et de la Plateforme haïtienne pour un Développement alternatif (PAPDA).Après avoir défini les termes Migration et Jeunesse, la représentante du GARR, Lisane André, a rappelé les prescrits de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui consacre le droit de toute personne à quitter son pays d’origine et la Constitution haïtienne qui fait obligation à chaque citoyen-citoyenne, dès l’âge de 18 ans, à s’engager pour le progrès du pays à tous les niveaux. Cependant, l’accès à l’éducation reste un défi pour de nombreux jeunes dans la plupart des départements, ce qui handicape leur participation au développement du pays. Pour d’autres, la migration interne ou externe reste la seule voie pour la poursuite de leurs études et rien ne garantit leur retour dans leur communauté d’origine. « Il existe un plus grand nombre d’étudiants-es haïtiens dans les universités dominicaines qu’à l’Université d’Etat d’Haïti », a rappelé la représentante du GARR.Beaucoup de jeunes, a fait-elle remarquer, s’imaginent que l’avenir est ailleurs et non en Haïti et ils font tout pour tourner le dos au pays, à la recherche de réussite personnelle. Ils sont souvent surpris de retrouver Haïti sur leur chemin et obligés de réviser leur position. Un-e migrant, a-t-elle souligné, quelles que soient ses conditions de voyage ne se déplace pas seulement avec sa personne, « mais aussi avec une image négative, déformée d’Haïti véhiculée à travers le monde». La conférencière a identifié 24 épithètes attribuées à Haïti et qui constituent le fardeau de tout voyageur haïtien, jeune ou moins jeune, fortuné ou défavorisé. « C’est par la solidarité et l’engagement permanent envers la collectivité pour exiger le respect des droits socio-économiques et culturels de la population que nous pourrons relever ces nombreux défis et garantir l’avenir de la jeunesse», a ajouté la représentante du GARR. De son côté, l’économiste Camille Chalmers de la PAPDA, a rappelé que 81% des diplômés-es haïtiens résident à l’étranger ; une situation qui représente un handicap sérieux pour l’avancement du pays. Des Etats riches comme les Etats-Unis d’Amérique du Nord et le Canada se livrent à un pillage des cerveaux, déplore-t-il. «Ces ressources humaines ont été formées par Haïti, pourtant ces sociétés ne songent guère à dédommager le pays pour ces ressources», souligne le responsable de la PAPDA. Au sujet de la migration incessante d’Haïtiens/Haïtiennes, Camille Chalmers affirme que « toute migration permanente cache une migration forcée, organisée par les tenants du capitalisme dominant». Il a insisté sur les deux aspects de la migration : interne et externe et a, en outre, estimé que «Pour un jeune, penser l’avenir c’est en même temps réfléchir sur l’avenir de la société».Des jeunes issus-es des dix sections communales d’Aquin ont pris une part active aux débats qui ont suivi les deux interventions tenues dans l’enceinte de l’Etablissement des Sœurs de la Charité de Saint-Louis situé au centre de la ville.Ce panel sur la Migration et la Jeunesse a été réalisé dans le cadre du Forum Social des jeunes organisé à l’initiative du » Groupe Solidarité avec les Aquinois » (GSA) dirigé par la cinéaste Claudette Coulanges.
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