Propositions pour une politique en faveur de la prise en charge des déportés
A l’initiative du Centre Å’cuménique des Droits Humains (CEDH), une table de concertation nationale composée de représentants de plusieurs ministères, de l’Organisation Internationale de la Migration (OIM), d’organisations de déportés haïtiens provenant des Etats-Unis et du Canada et de la société civile, dont le GARR, a élaboré une proposition en vue de l’adoption d’une politique publique favorisant l’insertion des déportés dans la société haïtienne.Ces propositions présentées à Port-au-Prince le 27 Octobre 2008 à l’occasion d’une rencontre régionale sur le thème de la déportation des ressortissants d’origine latino-américaines et caribéennes immigrés aux Etats-Unis et aux Canada, contient des recommandations portant sur différents éléments clés de la déportation : l’accueil, l’insertion, la sécurité publique et la politique migratoire haïtienne.Préalablement aux recommandations, le document de la table de concertation relève deux constats majeurs liés à la problématique de la déportation dans la société haïtienne : celui de la gestion de l’impact potentiel des déportés sur la sécurité publique et celui du respect des droits des citoyens déportés dont l’intégration est souvent complexe en raison des stigmatisations dont ils sont l’objet et la précarité de l’environnement socio-économique prévalant en Haïti. « Pour la sécurité de l’ensemble de la société haïtienne, il est important de donner une chance, une place au déporté et de le reconnaître comme citoyen haïtien capable de contribuer positivement au développement d’Haïti. Dans l’intérêt collectif, il est nécessaire de faire un effort d’ouverture et d’intégrer les déportés dans la société afin qu’ils n’aient pas comme seul recours pour survivre la criminalité », recommande la table de concertation qui révèle que selon les estimations disponibles, la criminalité dure ne caractérise pas la majorité des déportés, comme beaucoup le pensent.Le document lève le voile sur les difficultés rencontrées dans le processus d’insertion des déportés et les faiblesses des structures locales d’accueil. La première difficulté réside dans le fait que la société haïtienne est confrontée à de graves problèmes socio-économiques, en particulier à un taux de chômage extrêmement élevé et le second à la stigmatisation, à l’étiquette de criminel qui colle à la peau des déportés. « Sans soutien financier et moral des familles et amis restés aux Etats-Unis et/ou de parents qui les accueillent en Haïti, les déportés se trouvent livrés à eux-mêmes, souvent sans domicile fixe et sans moyens de subvenir aux besoins de la vie quotidienne. Dans ce contexte, il existe un réel risque de dérive physique et mentale », souligne le rapport.La table de concertation sur les déportés plaide en faveur d’un encadrement pour accompagner les déportés vers une insertion réelle dans la société haïtienne afin de prévenir la criminalité et souligne l’importance de l’encadrement familial dans ce processus. Elle réclame également une meilleure gestion de la migration haïtienne en appliquant une politique migratoire nationale permettant de mieux gérer les risques de déportation due à l’immigration illégale et la non intégration dans le pays d’accueil. « L’Etat haïtien doit mettre en pratique les réflexions menées dans le cadre du groupe interministériel et intersectoriel pour le renforcement des capacités de gestion de la migration de main d’œuvre », conclut-elle dans le document. Elle invite les dirigeants haïtiens à relancer les négociations sur les accords qui lient Haïti et les Etats d’Amérique du Nord sur les déportations, à partir d’une démarche et d’une dynamique régionale.On estime à environ cinq mille (5,000), le nombre de déportés haïtiens expulsés par les Etats-Unis et le Canada au cours des 20 dernières années. La majorité d’entre eux a une moyenne d’âge comprise entre 28 et 48 ans et avait laissé Haïti entre 4 et 7 ans. (Photo google.ht)
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