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Présentation d’une étude sur les femmes haïtiennes dans la migration en République Dominicaine

Le thème « Femme haïtienne dans la Migration en République Dominicaine » a fait l’objet d’une étude réalisée par le Groupe d’Appui aux Rapatriés et aux Réfugiés(GARR) et le Movimiento de Mujeres Dominico-Haitianas(MUDHA) entre août 2002 et mars 2003. La présentation des résultats de cette étude s’est tenue le vendredi 30 mai 2003, au local de l’organisation féministe ENFOFANM à Port-au-Prince, en présence de la militante dominicaine, Sonia Pierre, qui vient d’être honorée par Amnistie Internationale du Prix « Jeanata Seagan», un prix décerné chaque année par cette institution à des personnalités qui militent en faveur du respect des Droits Humains. L’étude a comporté deux(2) parties, dont l’une effectuée en Haïti par Mme Danièle Magloire et l’autre en République Dominicaine, par Mme Carmen Cris Daza. L’objectif de cette étude qualitative était de comprendre l’impact de cette migration qui dure depuis bientôt un siècle sur les femmes haïtiennes et sur leur famille. En Haiti, des femmes rapatriées et des femmes n’ayant jamais émigré mais dont le conjoint ou le papa pitit(père de son ou de ses enfants) vit en République Dominicaine ont été questionnées. En République Dominicaine, des femmes travaillant dans les bateys, dans les zones agricoles autres que la canne et dans les villes ont été touchées.Les deux chercheuses ont dressé le profil des femmes rencontrées, les conditions dans lesquelles elles ont émigré, leurs conditions de vie en République Dominicaine, leur milieu d’insertion, le type de travail réalisé, les résultats obtenus, les relations développées avec les haitiens-nes et les dominicains-nes, les relations maintenues avec leurs familles en Haiti, leur niveau d’organisation, les problèmes rencontrés et leurs perspectives.L’étude a révélé l’émergence de nouvelles réalités sur le terrain. D’une part, le profil des migrants-tes est en train de changer. Les paysans pauvres et les petits artisans ne représentent plus le groupe dominant de candidats à la migration vers la République Dominicaine. Ce mouvement intègre désormais beaucoup de jeunes des quartiers populaires des villes, avec parfois un niveau de formation. D’autre part, la présence des femmes se fait de plus en plus importante. Elles ne vont plus là-bas pour accompagner leurs conjoints, mais pour entrer directement sur le marché du travail. L’enquête révèle l’émergence d’une nouvelle catégorie de migrantes : il s’agit de femmes haïtiennes qui résident en République Dominicaine comme leur lieu de travail tout en faisant le va-et-vient entre les deux pays pour acquérir et vendre des marchandises.Les informations collectées ont permis de confirmer que les raisons qui poussent les populations à émigrer en République Dominicaine sont principalement d’ordre économique. La majorité des femmes interrogées sont jeunes, ont des enfants et un faible niveau d’instruction. Généralement, elles ont voyagé sans papier, excepté pour les commerçantes des villes qui affirment détenir leurs passeports avec visas. En République Dominicaine, elles travaillent comme ouvrières agricoles principalement dans la cueillette, comme domestiques et comme commerçantes. Ce qu’elles gagnent est souvent au-dessous de ce qui est payé dans le secteur, mais est jugé supérieur à ce qu’elles auraient gagné en Haiti. Malgré les problèmes de communication, elles font l’effort pour maintenir le contact avec leurs familles en envoyant des messages et des « commissions » pour les parents et les enfants restés en Haiti. Elles sont peu intégrées dans la vie dominicaine, entretiennent peu de liens avec les Dominicains et dominicaines et leur niveau d’organisation est faible.Elles sont souvent victimes d’abus, particulièrement de déportations sans sommation. Les commerçantes se sont plaintes des extorsions dont elles sont régulièrement l’objet de la part des policiers et des agents de douane à la frontière. Les humiliations subies lors des rapatriements demeurent vives chez de nombreuses femmes ayant vécu cette réalité et les séquelles économiques et psychologiques de ce déracinement se font sentir après plusieurs années. La grande majorité des femmes sont ignorantes de leurs droits en tant que personnes, et individus de sexe féminin; elles ne formulent aucune revendication à l’endroit des États, mais demeurent le plus souvent dans l’attente et la résignation. Parmi les propositions formulées dans la recherche, les chercheuses ont souligné la nécessité d’une prise en considération de la présence des immigrantes dans la législation migratoire dominicaine, en vue de protéger les droits de ces dernières et mesurer leur contribution à l’économie de ce pays. Elles recommandent aux organisations de la société civile la mise en place d’actions socio-éducatives afin de garantir une prise de conscience chez ces femmes et favoriser leur intégration et leur organisation.A la fin de la présentation de l’étude qui a été faite par Mme Danièle Magloire, le GARR a tenu à honorer la militante dominicaine Sonia Pierre, engagée depuis plus de 20 ans dans le combat pour le respect des droits des femmes et des enfants dominicains, et récemment honorée du Prix Jeanata Seagan par Amnistie Internationale. Edwin Aubin, un membre du Conseil d’Administration du GARR, a remis, au nom de l’institution, une plaque d’honneur à Sonia Pierre qui a réagi en ces termes : « cette plaque représente, à mes yeux, un encouragement à poursuivre le combat qui, au fond, n’est qu’un seul. Car, si nous ne revendiquons pas nos droits à la fois en Haïti et en République Dominicaine, ce combat restera vain ».Pour sa part, la coordonnatrice du GARR, Mme Colette Lespinasse, a invité les institutions et organisations du secteur public et privé à s’approprier les résultats de cette recherche. Selon elle, cette étude vient combler un vide sur un sujet inexploré jusqu’à date, e peut servir dans l’élaboration de politique et programmes en faveur des immigrants et immigrantes haïtiens.Colette Lespinasse a salué en la circonstance, la mémoire de Mme Sonia Saint-Louis (Mme Carlo), membre actif du Comité d’Accueil des Rapatriés de Thiotte, morte en avril 2003, dans un tragique accident de la circulation qui a coûté la vie à sept(7) femmes. Mme Carlo avait collaboré, avec dévouement, à la réalisation de l’étude, dans la région de Thiotte. La coordonnatrice du GARR a remercié, au passage, toutes les institutions et personnalités qui ont contribué à la concrétisation de ce projet d’étude : le fond KOREFANM, en tant que bailleur de fonds, et les collaborateurs et collaboratrices de terrain à Léogane, Thiotte, Fonds-Parisien, Marigot et Montagne Lavoute.La rencontre s’est achevée par une belle animation culturelle offerte par Florencia Pierre et sa troupe “JAKA” et le chansonnier Bob Bovano.L’étude, « Femme haïtienne dans la Migration en République Dominicaine » est disponible au local du GARR (13, 1ère ruelle Rivière, Port-au-Prince, Haïti).

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