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Le Ministère de l’Intérieur fait raser un village de migrants

Profitant de l’intervention de la Police Nationale à Fonds-Parisien dans le cadre du conflit opposant cette communauté et celle de Ganthier, le Ministère de l’Intérieur a fait raser un village de migrants qui se trouvait à la frontière de Malpasse, plus précisément dans cet espace compris entre les deux barrières couramment appelé Malpaso et pour certains « No Man’s Land », mais en réalité appartenant à l’Etat haïtien.Le dimanche 12 janvier 2003, aux environs de 2 heures de l’après-midi, des policiers de la CIMO, accompagnés d’un tracteur, ont envahi Malpaso et rasé les maisonnettes où vivaient de nombreux migrants avec tout ce qui se trouvait à l’intérieur. Une nourrice de trois jours a failli être enseveli avec son bébé au moment où le tracteur a entamé la démolition de sa maison.Dans la foulée, plusieurs boutiques remplies de marchandises ont été détruites ainsi que deux maisonnettes en territoire dominicain mais habitées par des travailleurs haïtiens. Les propriétaires des rares maisons qui n’ont pas été rasées ont un délai de 15 jours pour se retirer, selon ce qu’a appris le GARR.Un peu plus tard, aux environs de 11 heures du soir, la Police Nationale est revenue sur les lieux, et a investi un hangar vide où les gens, désormais sans abris, s’étaient réfugiés. Ils ont procédé à l’arrestation d’une quinzaine d’hommes qui s’y trouvaient, les a malmenées et les a fait monter à bord d’un véhicule en direction du Commissariat de la frontière. Selon le témoignage de plusieurs d’entre eux, ils ont été menacés d’exécution et ont eu la vie sauve grâce à l’intervention d’un policier qui a plaidé en leur faveur, arguant qu’ils étaient des pauvres et ne méritaient pas ce sort. Plusieurs d’entre eux ont été forcés de travailler pendant toute la nuit pour enlever les barricades qui jonchaient la route de Fonds-Parisien, avant d’être ramenés à Malpaso avant le lever du jour.La majorité des victimes sont des personnes expulsées de la République Dominicaine au cours des vagues successives de rapatriements qui ont eu lieu depuis 1991. Ne sachant pas où aller, elles avaient décidé de s’établir à cette frontière où il existe une activité économique. Le reste est constitué de migrants internes provenant de diverses communautés avoisinant la frontière Jimani/Malpasse qui sont venus s’établir dans cet espace pour profiter de ces mêmes activités. Ces personnes vivent du petit commerce, de services rendus aux voyageurs et surtout de la préparation et de la vente de charbon de bois, à partir de l’exploitation de bosquets à proximité de la frontière. Parmi les victimes, on compte de nombreux enfants et des femmes nourrices, dont deux qui avaient accouché quelques jours auparavant. Ces personnes sans abris et livrées à elle-mêmes passent désormais la nuit dans les rochers de la montagne bordant le lac Azuei, sur le macadam et dans une petite église qui, elle aussi, est menacée de destruction.Dans cette affaire, les gens pointent du doigt le Ministre de l’intérieur, M. Jocelerme Privert qui aurait commandé personnellement l’opération et une certaine Mme Camille, une haitienne vivant à Jimani. Selon des informations non confirmées, Mme Camille aurait des projets avec le gouvernement haïtien pour installer des boutiques luxueuses dans cet espace frontalier occupé pour l’instant par des marchandes venus de toute part et des réfugiés expulsés de la République Dominicaine.Avec la dégradation de la situation économique en Haïti et l’augmentation des activités frontalières, un véritable village prenant la forme d’un bidonville, s’était au fur et à mesure développé à Malpaso, sous le regard complaisant des autorités haïtiennes, dont le contrôle administratif débute à quelques kilomètres plus loin, c’est-à-dire après la barrière. A côté des maisonnettes en paille, on y trouve un marché fréquenté par les dominicains, des maisons en dur, et différents services qu’on rencontre généralement dans un village tels que : salon de coiffure, restaurants, église, écoles etc. Certaines personnes avaient même reçu l’autorisation de la mairie de Ganthier pour construire leurs maisons et des commerçants ont payé régulièrement leurs patentes pour s’établir à Malpaso.Le GARR rappelle à l’Etat haïtien la responsabilité qu’elle a de protéger les réfugiés qui se trouvent sur son territoire, ainsi que ses ressortissants les plus vulnérables. Tout en comprenant la nécessité de ne pas laisser se développer un bidonville à la frontière, il dénonce ces agissements du Ministère de l’Intérieur qui a détruit les moyens de subsistance d’une population livrée à elle-même sans lui offrir aucune alternative. Loin de résoudre le problème, l’intervention de la CIMO à Malpaso n’a fait que compliquer la situation, car la population qu’on voulait déloger se trouve encore au même endroit, ne sachant où aller.Le GARR réclame des autorités haïtiennes la fourniture d’un logement pour les réfugiés afin qu’ils trouvent un endroit sûr pour s’établir et un dédommagement pour toutes les personnes victimes afin qu’elles puissent reprendre leurs activités. Il demande la protection d’autres villages similaires de migrants qui se sont établis dans d’autres points de la frontière.Il lance un appel à tous les organismes humanitaires, notamment ceux travaillant dans le domaine du Droit de l’Enfance pour venir en aide à ces réfugiés se trouvant à Malpaso.(22/01/03)

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