Les migrants et migrantes haïtiens ont droit à la vie
A l’occasion du 18 décembre, Journée Internationale des Migrants (es), le GARR exprime sa profonde inquiétude face à la tendance de plus en plus affirmée de certains pays à créer un amalgame entre migration et terrorisme. Cette orientation risque de mettre en danger la vie de nombreuses personnes obligées de fuir leur pays en proie à des crises économiques et/ou politiques aiguës, comme celle que nous sommes en train de vivre actuellement en Haïti.Le GARR est particulièrement préoccupé par les annonces officielles d’une militarisation accrue de la frontière haïtiano-dominicaine dans le but de « contrôler », entre autres, le mouvement migratoire. Alors que l’état-major dominicain rappelle régulièrement que la frontière est le camp d’entraînement par excellence des forces armées, la présence d’un deuxième corps d’armée étrangère est annoncée en ce lieu où les forces publiques haïtiennes sont quasiment absentes.Dans un tel contexte, quel sort est réservé à l’immigrant haïtien pris entre deux chasses, celle de la migration irrégulière et celle de la lutte anti-terroriste ? Il importe de rappeler que le fait d’être sans-papiers sur un territoire ne signifie nullement être sans droits. Il existe des droits inhérents à la personne humaine comme le droit à la vie qui sont imprescriptibles quelles que soient les circonstances.Le GARR tient à rappeler que des cas d’assassinats de civils haïtiens commis en l’an 2000 par des militaires en poste à la frontière, tels ceux de Guayubin, de Cañada Miguel, ne sont pas encore sanctionnés par une décision de justice. D’autres comme ceux du commerçant haïtien Elie Jean Baptiste abattu au grand jour par un soldat à Dajabon, ou de Dieuseul Siméat à Jimani, ne sont même pas à la phase d’instruction préliminaire.Le GARR attire également l’attention de l’opinion publique sur la situation de plusieurs groupes de réfugiés haïtiens demandeurs d’asile politique aux Etats-Unis d’Amérique et en République Dominicaine. En Floride, ces personnes sont gardées en prison et menacées quotidiennement de rapatriement. En République Dominicaine, leur nombre est en nette augmentation, alors que les structures d’accueil comme le bureau du Haut Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés sont sur le point de fermer leurs portes. Au moins deux(2) nouveaux cas sont enregistrés chaque semaine, selon les informations obtenues par le GARR auprès du Service Jésuite aux Réfugiés.Les conditions d’existence de ces compatriotes qui fuient le pays pour des raisons d’insécurité politique ou économique, sont très précaires alors que l’obtention du statut de réfugié est une démarche qui peut s’étendre sur des années. Le chômage, les privations croissantes, l’impossibilité d’avoir accès aux soins de santé, ainsi que les préjugés anti-haïtiens, font du séjour de ces hommes, femmes et enfants réfugiés, un enfer.A l’occasion de la Journée Internationale des Migrants, le GARR invite tous les compatriotes à conjuguer leurs efforts pour créer en Haïti les conditions politiques, économiques et sociales susceptibles d’inciter l’Haïtienne et l’Haïtien à rester dans son pays et à contribuer à son développement.(18/12/02)
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