Le Cluster Protection évalue les besoins en protection des personnes affectées par le séisme
Dans un rapport rendu public le 6 mai 2010, le Cluster Protection renseigne sur les multiples besoins en protection des populations sinistrées suite au cataclysme du 12 janvier 2010 en Haïti. Ce rapport intitulé « {HAITI POST SÉISME 2010 : LES BESOINS EN PROTECTION} » est le fruit d’une évaluation menée entre le 8 mars et le 10 avril 2010. Les thèmes d’investigation identifiés sont les suivants : {La sécurité, l’intégrité et la dignité des personnes; les violences basées sur le genre et le sexe; les personnes les plus vulnérables (handicapés, personnes âgées, enfants domestiques); le bien-être psycho-social; la discrimination et l’accès aux services de base ; la liberté de mouvement et les déplacements ; l’information et la mobilisation communautaire; l’état civil; et la propriété.}L’enquête a touché 3 catégories de sinistrés/es: l{es personnes sinistrées regroupées en camps formels et informels (PSR), les personnes sinistrées n’ayant pas quitté le périmètre de leur domicile (PSND), les personnes sinistrées accueillies par des familles en dehors de leur région d’habitation (PSFA)}. Selon le rapport, 1.7 million de personnes vivent dans des abris provisoires dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et environ 400 000 autres ont trouvé refuge dans le reste du pays.Concernant les besoins liés à la sécurité, l’intégrité et la dignité des personnes, plusieurs écarts sont relevés: {Faible présence policière à travers le territoire national, manque de connaissances des mécanismes institutionnels de résolution de conflit chez les femmes, manque de formation sur les comportements à adopter en cas de désastre naturel, manque d’appui aux familles d’accueil confrontées à l’épuisement graduel des ressources alimentaires et financières}.En ce qui a trait à la Violence Basée sur le Genre et le Sexe (VBGS), le rapport relate des niveaux élevés de VBGS lors des distributions: soit 43% dans les regroupements/PSR et 83% dans les familles d’accueil/PSFA. Les femmes, au cours de ces distributions, sont souvent victimes de bousculades et d’injures. Parmi les écarts en besoins de protection dans le cas des VBGS figurent le {manque de monitoring et de suivi dans la distribution de nourriture, le manque d’informations ciblant les femmes sur les recours lorsqu’elles sont victimes de violence, le manque de sensibilisation au niveau de la communauté sur les VBGS, le manque de confiance dans le système de suivi, le manque de systématisation et centralisation des données au niveau national}. Quant à l’accompagnement des personnes vulnérables (handicapés, personnes âgées, enfants domestiques), le Cluster Protection déplore le {manque d’informations sur les organismes auxquels les cas d’enfants non accompagnés doivent être rapportés, le manque de sensibilisation, d’activités de prévention et de suivi sur la traite des mineurs}.En ce qui concerne les conditions psychosociales, le Cluster Protection fait état du {manque de services d’appui psycho-social spécialisé (enfants, femmes, handicapés, personnes âgées) et de la faiblesse de l’accompagnement en santé mentale post-traumatique}. Quant à la discrimination et l’accès aux services de base, le rapport identifie plusieurs écarts: {Manque de ressources financières pour avoir accès à la nourriture, manque d’accès à la distribution de la nourriture ; manque d’accès à l’eau potable (points d’eau insuffisants et/ou trop éloignés) ;manque de latrines adaptées (pour les personnes âgées et/ou handicapées); manque de services de santé de proximité (surtout pour les femmes); manque d’abris adéquats (en espace et en solidité; manque d’espaces suffisants dans les maisons et les abris; manque d’espace adéquat dans les établissements scolaires}. Par rapport à la liberté de mouvement et les deplacements, l’enquête relève un {manque de consultations de la population sur leurs besoins, intentions et perspectives, l’absence d’un système de suivi des mouvements des populations et un manque de solutions temporaires et durables}.Sur l’information et la mobilisation communautaire, le Cluster Protection, constate, entre autres, {un manque de coordination avec la population (dans les phases de planification, d’exécution et de suivi), une trop faible mobilisation formelle des victimes du séisme (manque d’organisation de défense des droits des personnes victimes du séisme) et un manque d’informations sur les mesures humanitaires}. Quant à l’Etat Civil, 80% des personnes sinistrées non déplacées (PSND), 70% des déplacés en famille d’accueil (PSFA) et 50% des personnes sinistrées dans les regroupements (PSR) disent avoir perdu leurs documents (actes de naissance, certificats scolaires et papiers d’identité) lors du séisme. Tous déclarent connaître les procédures pour refaire ou récupérer leurs documents.En ce qui concerne la propriété, 60% des PSND, 14% des PSR et 75% des PSNA disent avoir été locataires au moment du séisme. Là aussi, des écarts sont signalés dans le rapport: {Manque de logements sociaux, manque de surveillance d’application du code de construction, manque d’informations du gouvernement vers la population}. Cette évaluation du Cluster Protection fait partie d’un ensemble d’actions entreprises peu de temps après le séisme du 12 janvier 2010. Soulignons que les Cluster sont des groupes d’échanges, d’informations et de prise de décisions sur une thématique donnée (Eau et alimentation, Abri, Protection, etc.). Le Cluster Protection a une fonction transversale de vigilance et de protection des droits humains dans toutes les activités effectuées dans le cadre de l’action humanitaire après le séisme. Coordonné par le Haut Commissariat des Nations-Unies pour les Droits de l’Homme et le Haut Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés, le Cluster Protection compte de nombreuses agences humanitaires et organisations, dont le GARR.
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