Valoriser le potentiel culturel de l’île à travers un partenariat pour construire une solidarité durable
C’est la position de l’artiste dominicain Roldán Mármol, à la fois compositeur, sociologue et chercheur familier des rythmes et de la musique populaire des deux pays. Il estime urgent de pérenniser la solidarité manifestée après le séisme en s’appuyant sur le fonds culturel des deux peuples.Président d’un Réseau intégrant 80 groupes culturels en République Dominicaine, l’artiste rappelle que le séisme du 12 janvier a eu un impact considérable sur toute l’ile partagée entre Haïti et la République Dominicaine. D’une manière générale, observe-t-il, on a assisté «à une réaction de solidarité, de sensibilité vis-à-vis d’Haïti qu’on ne pouvait imaginer en République Dominicaine ; et les Haïtiens eux-mêmes ne s’attendaient pas à une telle réaction de la part de leurs voisins». Cependant, cette réaction de solidarité qui crée une certaine ouverture dans les relations haïtiano-dominicaines peut se révéler strictement conjoncturelle et passagère, prévient Roldán Mármol. Et l’artiste-sociologue dominicain d’insister : « Si nous ne gérons pas comme il faut ce moment d’ouverture et de solidarité, il peut se transformer en boomerang et nous risquons d’aboutir à un approfondissement des différences menant à la confrontation ».L’artiste a cité au passage plusieurs facteurs dissuasifs sur la voie des relations harmonieuses entre les deux peuples : La crise économique aigüe, la pression de la migration sur le marché du travail, la situation politique, la présence de la MINUSTAH, les contours que prendra l’avenir d’Haïti ; autant de facteurs qui peuvent influencer négativement la situation, a-t-il opiné.Autre élément non négligeable : le comportement des classes dirigeantes des deux pays qui a toujours profité du malaise existant dans les relations entre les deux peuples voisins. Ces secteurs dominants se sont habitués à s’enrichir en exploitant l’informalité et l’illégalité observées dans les rapports binationaux, que ce soit dans la migration forcée de main d’œuvre ou le commerce transfrontalier.«Seuls les secteurs sociaux organisés des deux pays ont intérêt et peuvent contribuer mutuellement à dépasser ces obstacles et construire une solidarité durable entre les deux peuples», insiste l’artiste Roldán Mármol.Dans cet ordre d’idées, les secteurs culturels haïtien et dominicain sont en face d’une lourde responsabilité qu’ils se doivent d’assumer en établissant des mécanismes pour un partenariat à long terme, poursuit-il. En Haïti comme en République Dominicaine, il existe un fonds culturel populaire très riche qu’il importe de valoriser à travers des échanges binationaux dynamiques et structurés, selon l’artiste.Rappelons que le secteur culturel dominicain représenté par Roldán Mármol a fait les premiers pas vers cet objectif, en organisant une réunion avec une vingtaine d’acteurs culturels haïtiens, le 8 mai 2010 à Port-au-Prince, au local du Groupe Haïtien de Recherches et d’Actions Pédagogiques (GHRAP); une réunion qui a bénéficié de l’appui de la Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Developpement Alternatif (PAPDA).Un comité de suivi est mis en place et s’active dans la perspective d’un lancement d’activités binationales en juin-juillet 2010.
No Comments