Dégâts dans les camps des déplacés internes suite au passage d’une tornade
Le vendredi 24 septembre 2010 aux environs de 3 heures de l’après midi, une tornade accompagnée de vents violents et de grosses rafales de pluie s’est abattue sur Port-au-Prince. Il en est résulté des pertes en vies humaines et des dégâts matériels considérables dans plusieurs camps de Port-au-Prince et ses environs. Selon les informations rapportées par la presse locale, cinq personnes auraient trouvé la mort et plus de 8,000 tentes auraient été détruites ou endommagées. Les toits de certaines maisons se sont envolés, des arbres arrachés du sol sont tombés sur des voitures, sur d’autres maisons ou dans la rue bloquant ainsi les passages, des câbles électriques rompus, des panneaux publicitaires géants ont été eux aussi projetés sur le sol sur des voitures. Le lendemain matin, la ville de Port-au-Prince s’est réveillée en état de choc avec un arrière goût du déjà vu, du déjà connu, en fin avec la même sensation de la plaie non encore cicatrisée du 12 janvier dernier. Dans les camps des déplacés internes, c’est quasiment le chaos. Selon Auguste Petit Frère, un membre du comité des déplacés du camp de Tabarre Issa, environ 400 tentes ont été détruites sur le site et plusieurs autres gravement endommagées. Même les abris de transition n’ont pas été épargnés, a-t-il fait savoir. « Les résidents avaient paniqué et croyaient vivre un deuxième 12 janvier » a aussi déclaré M. Petit Frère qui a souligné, par contre, n’avoir enregistré ni de morts, ni de blessés.Au Camp Corail, la situation n’était pas différente, selon Darlène Paul, membre d’une organisation de femmes ayant pris naissance dans le camp. Plusieurs dizaines de tentes ont été emportées et d’autres endommagées. « La population attend avec impatience la construction de logement définitif afin de sortir de cette détresse. », a-t-elle indiqué.Arland Laguerre, membre du comité de gestion du Camp KID, à Christ-Roi, de son côté, a fait état de la destruction de plusieurs dizaines d’abris dans le camp. « Nous attendons avec impatience la fin de ce pèlerinage dans le quel nous sommes propulsés depuis le 12 janvier 2010 », a-t-il lancé.Rappelons que le 12 juillet 2010, une bourrasque avait déjà détruit plusieurs centaines de tentes dans des camps de la zone métropolitaine et avait créé un climat de panique dans les camps des déplacés internes. A cette époque, certaines gens avaient reçu de nouvelles tentes, d’autres, des moyens pour rafistoler les leurs. « Où en sommes-nous à présent ? Que peut-on espérer. Va-t- on redistribuer de nouvelles tentes ? Va-t-on les rafistoler à nouveau ? Va-t-on s’enliser définitivement dans l’urgence ? », se questionne un résident du camp de Tabarre Issa. « Avec ce qui vient de se passer, est-ce que la nature, encore une fois, n’est pas en train de nous faire prendre conscience de la fragilité de la situation des déplacés internes et aussi de la précarité des moyens mis à leur disposition ou encore de la fragilité des solutions qui ont été prises jusqu’ici en leur faveur ?», se demande un autre. En effet, dans ces deux camps, Corail et Tabarre Issa, créés par l’Etat haïtien et dirigés par des ONG internationales, la tente était une affaire d’urgence qui ne devait durer que trois mois au maximum pour passer dans le provisoire qui consistait à construire des abris plus sûr pour les déplacés internes avant d’arriver à un logement définitif. A date (fin septembre 2010), très peu d’abris provisoires ont été construits : une vingtaine à Corail pour une population de 6500 personnes; à Tabarre Issa, 16 abris provisoires sont achevés et habités, pour une population, 2800 personnes. A noter que 532 abris avaient été promis dans trois mois à la population déplacée vers Tabarre Issa à partir d’avril 2010. Face à cet état de fait, il est urgent que l’Etat haïtien, de concert avec les organisations humanitaires, définissent une stratégie pour trouver des moyens plus sûrs et plus durables pour le logement des déplacés. L’accès à un logement sûr est un droit fondamental dont les Haïtiens en tant qu’êtres humains ont aussi droit. L’Etat a la responsabilité de rechercher les moyens pour garantir ce droit.
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