Des déplacés-es encore sous le choc émotionnel, 10 mois après le séisme du 12 janvier 2010
10 mois après le séisme du 12 janvier 2010, des déplacés-es révèlent leur peine à surmonter leurs émotions et leur angoisse au cours d’ateliers de soutien émotionnel organisés par le GARR à l’intention des déplacés-es de certains camps de Port-au-Prince et des zones frontalières.Même s’ils reprennent leurs activités quotidiennes – travail, école, commerce, etc.-ces citoyens/citoyennes avouent être la proie de malaises constants. « Depuis le drame du 12 janvier, mon cœur ne cesse de palpiter de manière irrégulière. J’ai des maux de tête incessants. Au moindre bruit, j’ai envie de courir et me cacher quelque part », a confié Jeannie Pierre, une jeune déplacée de 24 ans venue de Fonds Bayard non loin de la frontière de Malpasse. Henri Lafeur, 38 ans, un déplacé du camp Acacia à Christ-roi a mis l’accent sur les cicatrices psychiques du séisme qui, selon lui, sont beaucoup plus significatives que les cicatrices physiques. « Au moment du séisme, je n’avais pas été atteint au niveau de mon corps physique, cependant, j’ai du mal à reprendre une vie normale et me concentrer sur mon avenir », a-t-il déclaré. « Mon corps tremble continuellement, je vis comme si le ciel m’était tombé dessus. », a-t-il poursuivi.Pour Régine Saint-Val, 42 ans, résidant au camp KID à Christ-roi, l’environnement insalubre dans lequel vivent les déplacés-es reste l’un des facteurs négatifs dans leur existence. « A chaque fois que je compare la vie que je menais avant avec celle que je mène actuellement dans cet espace rempli de déchets, je n’arrive pas à contenir mes larmes. Je ne cesse de me demander s’il n’eut pas été préférable de mourir », s’est-elle lamenté. A côté des troubles émotionnels dont souffrent la grande majorité des déplacés-es, une grande incertitude plane sur leur avenir. Les nombreux défis auxquels ils/elles font face chaque jour les portent à envisager la vie avec un regard très sombre. « Nous ne cessons de nous questionner sur notre lendemain. », a confié Mireille Louis. « Sans logement et sans travail, ne sommes-nous pas condamnés à végéter dans la misère et mourir comme des chiens ? », a-t-elle conclu, d’un ton amer.L’apparition de l’épidémie de choléra en Haïti à la mi-octobre 2010 tend à créer un nouveau motif de panique chez les déplacés-es. Ils/elles ont déclaré être très mal dans leur peau face à l’environnement dans lequel ils évoluent. Ils/elles se demandent « si cette épidémie ne va pas finir avec les 1.3 million de personnes déplacées qui vivent dans les camps du pays dans des conditions inhumaines ».
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