Non aux violences contre des déplacés-es pour les forcer à évacuer les espaces d’installation de leurs tentes !
Nous, représentants-es de plus d’une cinquantaine de camps à Port-au-Prince, Delmas, Carrefour, Pétion-Ville, Tabarre, Croix-des-Bouquets, Petit-Goâve, Grand-Goâve, Lascahobas, réunis-es dans le cadre d’un Colloque international sur la problématique du logement en Haïti, une initiative de FRAKKA (Fòs Refleksyon ak Aksyon sou Koze kay an Ayiti) en collaboration avec plusieurs autres partenaires; nous, comités des camps, organisations, institutions, citoyens-citoyennes engagés, militants-es d’autres pays qui avons pris part à ce colloque, ensemble nous dénonçons avec force les nombreux actes de violences perpétrés ces derniers jours dans plusieurs camps pour forcer les occupants-es à fuir les lieux sans savoir où aller. Pendant ces 3 journées de colloque, nous avons entendu de multiples témoignages où les déplacés-es ont fait état des violences et menaces émanant des propriétaires de terrain pour les contraindre à abandonner leurs abris. Tentes déchirées à coups de lames de rasoir, ou incendiées; présence de groupes d’individus qui dégainent leurs armes pour intimider les déplacés-es; manœuvres pour les diviser et affaiblir toute démarche unitaire, pour détruire leurs petits commerces, empêcher la tenue de réunions, bloquer des organisations qui veulent les accompagner, etc. Toutes ces exactions commises à l’encontre d’une population encore sous le choc après avoir été victime d’un tremblement de terre ayant emporté ses proches et réduit ses avoirs à néant, toutes ces actions négatives sont un CRIME, une violation des droits de la personne qui est inacceptable et qui doit cesser. Nous, signataires de cette déclaration, tenons à rappeler que les occupants-es des tentes n’y demeurent pas par plaisir, dans la promiscuité, les déchets, les eaux puantes qui mettent leur vie en danger. C’est une catastrophe majeure, un tremblement de terre qui a ravagé le pays, le 12 janvier 2010, avec un bilan de plus de 300 000 décès et d’innombrables résidences détruites, qui les a jeté-es dans la rue. Alors que les autorités n’ont encore rien dit sur ce qu’ils comptent entreprendre pour que ces déplacés-es puissent sortir sous les tentes, elles ont déjà pris parti pour les propriétaires de terrain. Rappelons que, selon les principes humanitaires, en cas de catastrophe naturelle dans un pays, les déplacés-es internes doivent bénéficier d’une totale protection. Pour aucune raison, ils-elles ne doivent être expulsés-es des terrains qu’ils-elles occupent. Bien au contraire, les autorités doivent protéger les déplacés-es et préparer des espaces adéquats pour les relocaliser dans les cas où les personnes qui se déclarent être propriétaires de ces terrains voudraient forcer les déplacés-es à partir. Quant au Pacte international sur les Droits Economiques, Sociaux et Culturels, il exige que l’Etat garantisse un logement à tous ses administrés-es. En ce qui a trait à la Constitution de 1987, elle établit aussi en son article 22 que « L’Etat doit garantir un logement à tous ». Face à toutes ces violences perpétrées dans les camps pour chasser les déplacés-es, nous demandons :- Que les autorités en place prennent toutes les dispositions pour faire cesser tous les mouvements de déguerpissement en cours ici et là contre les déplacés-es dans les camps, comme stipulé dans une résolution de la Cour Interaméricaine des Droits Humains. – Que les autorités arrêtent et soumettent par-devant la justice tous les individus auteurs d’actes de violence à l’encontre de la population hébergée dans les camps. – Que des dispositions soient prises pour aider les déplacés-es à trouver un logement définitif de sorte qu’ils-elles puissent sortir sous les tentes.Nous, représentants-es de divers camps et organisations qui avons participé au Colloque international sur la problématique de logement, apportons toute notre solidarité aux personnes victimes de menaces d’expulsion dans les camps. Nous voulons leur dire qu’ils-elles ne sont pas seuls-es dans ces moments de grande douleur. Nous sommes décidés-es à nous mobiliser au niveau national et international contre ces expulsions et forcer l’Etat haïtien à se responsabiliser en vue de garantir le droit au logement pour tous à travers le pays. Voici la liste des organisations et camps représentés dans le colloque, qui ont signé cette déclaration : AVS, SAJ/VEYE YO, Chandèl, ACPRODDH, ARDFD/Tabarre Issa, ASCOEH, CSC, Fanm Devre, Camp Maranatha, MODEP, FIDES-Haïti, CCCSC, CAVS-PA, Camp Immaculée, KSF, Camp Décovil /Lascahobas, Camp Acacia, UPPFA, OFEDSHA, BRI KOURI, OVISEC, GARR, SEPJASA, FRAKKA, AFAD, COGESIF, ASCOEH, FADEC, Camp Food for the poor, RNGDH, COB 5, LIDCCHA, CSPPB, Sant Pon Ayiti, SEPJASA, AVOVIS 12, Camp Fortunat Guéry, CRAD, MPFD, RAFEVINNHA, CSPB, JILAP, REFEH, MPDDP, Sèk Gramsci, COSSBAMI, KASIM, FOPISE, CVHEM/Jacmel, FADEC, AEI, ACHUF, POHDH, Camp Mesiane, CEFEF, UJDEC, Camp Toussaint Louverture, Camp Vallée de Bourdon, OVISEC/Canaan II, Other world, AJCH, MOUFHED, AFAD, Camp Juanpas/Lascahobas, MRCP, COOPHABITAT, FRAKKA, Batay Ouvriye(B.O), Komite Relèvman Divivye (KRD), PAPDA, GREAAL, OFEDA, FIDES, SOFA. Pour authentification : Colette Lespinasse, GARR Sanon Reyneld, FRAKKA Camille Chalmers, PAPDA Antonal Mortimé, POHDH
No Comments