Les expulsés-es de Delmas réclament leur relocalisation
«Nous sommes des humains, nous ne devons pas être traités comme des animaux ; nous avons droit à un logement décent», a déclaré au cours d’une conférence de presse tenue le 8 juin 2011, l’une des victimes d’expulsions forcées opérées par la Mairie de Delmas, les 23 et 25 mai 2011.En raison des fortes pluies qui s’abattent sur le pays ces derniers jours, «la situation des déplacés-es de Delmas 3 et ceux-celles du Carrefour de l’Aéroport s’est aggravée», a souligné la victime critiquant les déguerpissements, lesquels avaient été commis en présence du maire principal. « Le Maire Jeudy nous avait qualifiés-es de voleurs pour nous chasser violemment et maintenant, nous dormons à la belle étoile sous des pluies sans avoir où aller» a-t-elle déploré.D’autres déplacées n’ont pas caché leur désarroi au micro de la presse. Nadine et Adèle, qui viennent tout juste de donner, chacune, naissance à un bébé, ont expliqué : «Nous sommes exposées avec nos bébés à la moindre pluie et nous n’avons nulle part où aller ; de plus, la faim nous tenaille alors que nous avons des bébés à allaiter ; personne ne prête attention à nous, nous sommes des laissés pour compte».Les victimes des expulsions forcées de la Mairie de Delmas n’étaient pas seuls-es à la conférence de presse. Le Sénateur du département du Nord, Moïse Jean Charles les avait rejoints. Il entendait, par ce geste, dit-il, leur apporter son soutien et exprimer son désaccord avec les procédés des autorités municipales de Delmas vis-à-vis des personnes déplacées. Selon le parlementaire, «Ces déguerpissements n’ont rien à voir avec le respect du droit au logement ; les autorités devaient entamer des consultations avec les personnes déplacées en vue de la mise en œuvre d’une planification susceptible d’apporter des solutions durables au profit des personnes concernées».Autre intervenant à cette conférence, le Coordonnateur de la Force de Réflexion et d’Action sur la problématique de logement en Haïti (FRAKKA), Sanon Reyneld, a plaidé pour l’application de l’article 22 de la Constitution du 29 mars 1987 qui fait obligation à l’Etat haïtien de doter ses citoyens-citoyennes d’un logement décent. «Nous dénonçons, a-t-il dit, ces actes arbitraires commis par le titulaire de la Mairie de Delmas et encourageons les déplacés-es victimes des déguerpissements des 23 et 25 mai derniers à continuer à s’organiser pour porter les autorités à les relocaliser».Plus de 300 familles ont été touchées par les expulsions opérées au Carrefour de l’Aéroport et 144 autres à Delmas 3.Soulignons qu’une marche pacifique est prévue, ce vendredi 10 juin 2011, pour protester contre les expulsions dans les camps de déplacés-es et exiger des autorités haïtiennes le respect du droit au logement des victimes du séisme du 12 janvier 2010. Cette marche débutera au Carrefour de l’Aéroport pour aboutir devant les locaux du Parlement haïtien.
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