Une quinzaine d’organisations étrangères se prononcent contre les évictions brutales de déplacés-es perpétrées par la Mairie de Delmas
Dans une correspondance adressée au Congrès américain, le 10 juin 2011, des organisations se disent très préoccupées du sort des déplacés-es internes chassés par le Maire Wilson Jeudy dans plusieurs camps d’hébergement de la commune de Delmas en plein début de la saison pluvieuse. Ces organisations au nombre de 16, condamnent ces expulsions qui, selon elles, « traduisent un mépris des droits humains de base et de la dignité des familles victimes du séisme dévastateur de 2010 et sont une violation flagrante des principes directeurs internationalement reconnus sur le traitement et la protection des déplacés-es internes ».Ci-joint l’intégralité de la lettre :Cher membre du Congrès, Nous sommes profondément troublés par les récentes expulsions qui se sont produites dans les camps de déplacés-es sous la direction du Maire de Delmas, Wilson Jeudy, dans les espaces publics à Port-au-Prince, Haïti. Le lundi 23 mai 2011, des résidents du Camp du Carrefour de l’Aéroport situé près de l’Aéroport international ont été expulsés. A nouveau, le mercredi 25 mai, des centaines de déplacés-es internes issus de deux autres camps des environs de Delmas 3 et Delmas 5, ont été enlevés de force, leurs effets détruits et plusieurs d’entre eux ont été frappés par la police. Ces plus récentes évictions interviennent dans le prolongement des pressions exercées pendant plusieurs mois par des propriétaires de terrain privés et qui ont abouti à des déplacements agressifs et à la destruction des biens de milliers de résidents des camps à travers Port-au-Prince aussi bien que le meurtre documenté d’une déplacée interne, Thélucia Ciffren par des forces privées de sécurité, le 12 mai 2011. Ces expulsions surviennent au début de la saison pluvieuse, à un moment extrêmement critique pour Haïti, comme en témoignent les 17 décès enregistrés par suite des intempéries du week-end écoulé. Nous vous remercions, en ce sens, de votre engagement continu pour aborder la crise humanitaire en cours en Haïti et vous demandons d’exprimer votre préoccupation face à ce traitement menaçant et intempestif à l’égard des communautés haïtiennes les plus vulnérables.Ces expulsions forcées, souvent violentes traduisent un mépris des droits humains de base et de la dignité des familles victimes du séisme dévastateur de 2010 et sont une violation flagrante des principes directeurs internationalement reconnus sur le traitement et la protection des déplacés-es internes.Alors que le Coordonnateur humanitaire des Nations-Unies et plusieurs parlementaires américains avaient exhorté les autorités haïtiennes à passer des instructions aux acteurs étatiques pour protéger les occupants des camps contre de nouvelles expulsions forcées, des actions inhumaines et violentes -notamment de la part des forces de sécurité privées- surgissent encore.Nous vous prions d’exprimer votre préoccupation à la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton et au Coordonnateur spécial Thomas Adams, et demander à chacun d’eux de condamner ces récentes expulsions forcées et promouvoir un nouveau plan de relocalisation participatif conforme aux standards internationaux de droits humains et réalisé à travers une consultation directe avec les leaders des camps haïtiens et des mouvements de base.Durant le voyage pré-inaugural du président Michel Martelly, il avait déclaré que l’une de ses quatre grandes priorités était d’aider à relocaliser les personnes réfugiées dans les camps de déplacés-es. De son côté, le Cluster des Nations-Unies pour la Gestion et la Coordination des Camps avait indiqué que la stratégie du gouvernement Martelly sur “ Le Retour et la Relocalisation†des déplacés-es internes sera expérimentée a travers 6 camps d’hébergement durant les premiers 100 jours des son quinquennat.Nos organisations ainsi que nos partenaires haïtiens sur le terrain, croient fortement que tout plan de relocalisation doit être produit en consultation directe avec les mouvements haïtiens de base et les leaders des camps et doit aussi offrir des alternatives de vie sûres, accessibles, et inclure des stratégies de logement à long terme. La Plateforme des organisations communautaires de la zone métropolitaine de Port-au-Prince (COZPAM) donne la perspective suivante sur les expulsions: “Ce n’est pas un problème que l’Etat récupère les espaces publics, mais cela doit se faire dans de bonnes conditions, c’est-à-dire que les autorités doivent avant tout identifier où elles vont placer les gens tandis qu’elles définissent et appliquent une bonne politique de logement pour les personnes vulnérables dans la société †– (COZPAM, Jean Robert Pierre, Président). L’Organisation Internationale de la Migration (OIM) reconnaît que plus de 680,000 Haïtiens-nes vivent encore dans des camps reconnus, survivant dans des conditions précaires et sous la menace constante d’expulsions massives similaires.Les Etats-Unis se sont engagés à travailler avec le gouvernement haïtien pour implémenter un plan d’abris sûrs qui respecte les droits humains et la dignité des personnes.De plus, les Etats-Unis ont alloué des fonds significatifs pour le développement des programmes de logements se basant sur la conviction que les Haïtiens-nes qui ont perdu leurs maisons ne doivent pas être abandonnés, mais au contraire, doivent avoir accès à des logements sûrs et décents. Par conséquent, nous vous exhortons à élever la voix contre ces récentes expulsions, et encourager un processus de planification participatif de relocalisation et aider à garantir ces principes en faveur desquels en tant que nation, nous nous sommes engagés.Comme la Commission Américaine de Droits Humains l’a exprimé l’an dernier en recommandant des mesures conservatoires, le gouvernement haïtien doit, au moins, « offrir à ceux/celles qui ont été illégalement chassés des camps un transfert à des lieux pourvus d’un minimum de conditions de sécurité et de santé, et de les y transférer avec leur accord». En outre, tout plan de relocalisation et de logement doit tenir compte des opinions et des besoins des communautés locales en vue d’identifier la manière participative la plus effective et la plus sûre pour relocaliser la population hébergée dans les camps. De plus, les plans de logement et/ou de relocalisation doivent aborder les problèmes structurels sous-jacents en rapport avec le logement (par exemple, l’aménagement du territoire, les mesures de régulation et de contrôle, etc.) afin que des solutions structurelles et durables soient apportées. Tout plan de relocalisation des déplacés-es internes haïtiens doit inclure l’accès à des logements sûrs, abordables, avec des plans inclusifs conduisant les déplacés-es vers des solutions à plus long terme. Nous serions heureux de vous rencontrer ou un membre de votre staff dans les prochains jours en vue de discuter autour de cette question urgente. Merci de considérer notre requête.Sincèrement,
Action Aid USA American Jewish World Service Center for Constitutional Rights Diaspora Community Services Foundry United Methodist Church Gender Action Grassroots International Haiti Support Group Institute for Justice and Democracy in Haiti Jesuit Refugee Service / USA Oxfam America Trans africa Forum Unitarian Universalist Service Committee United Methodist Church, General Board of Church and Society United Methodist Committee on Relief University of Miami Human Rights Clinic
June 10, 2011
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