
SOS aux autorités pour éviter une nouvelle catastrophe
«Ansanm an n sove Fonvèrèt pou yon lòt 23 me pa rive (Unissons-nous pour sauver Fonds Verrettes pour qu’une catastrophe similaire ne se reproduise)» : tel était le thème retenu en la circonstance.
Emissions radiophoniques, projection de films sur la promotion de l’environnement, messe en mémoire des victimes, mise en terre de plantules, marche de l’Eglise catholique à la Mairie, témoignages, sketchs et remise d’un cahier de charges par le Réseau Frontalier Jeannot Succès, constituaient les points forts de cette commémoration.
Portant des maillots blancs, ils/elles étaient plusieurs centaines à marcher de l’Eglise des Fonds-Verrettes jusqu’au siège de l’hôtel de ville où une estrade avait été érigée.
Intervenant en cette occasion, le Maire Junel Jean a critiqué le comportement du pouvoir central qui selon, lui, n’a rien fait jusqu’ici pour alléger les conditions de vie de la population en dépit des grandes promesses faites par les autorités de Port-au-Prince suite à la catastrophe.
«Nous continuons d’être victimes 8 ans après le drame. Les autorités centrales ont jusqu’ici négligé de prendre en compte les conditions de vie désastreuses de la population de Fonds-Verrettes. Chaque semaine, nous enregistrons en plein jour des cas d’accidents en raison du très mauvais état de la route.», a-t-il déploré.
Le secrétaire du Bureau zonal de l’Ouest du Réseau Frontalier Jeannot Succès (RFJS), Dieumaitre Pierrette, a plaidé pour la mise en place d’une politique d’aménagement du territoire en vue d’éviter une autre catastrophe.« Il est fondamental que les autorités nous disent où construire, où faire la conservation du sol afin de ne plus nous exposer n’importe où dans des constructions anarchiques.» a-t-il recommandé.
M. Dieumaitre a attiré l’attention des décideurs sur la dégradation des forêts avoisinantes qu’ils ont pour l’obligation de préserver car, a-t-il insisté, « Selon les articles 253 jusqu’à 258 de la Constitution du 29 mars 1987, l’Etat a pour responsabilité de travailler au respect de l’environnement.»
Ces revendications pour une meilleure gestion de l’environnement étaient tirées d’un cahier de charges produit par un regroupement de 23 organisations locales autour de 12 revendications majeures. Le document indique ainsi qu’outre l’environnement «La commune de Fonds Verrettes fait face à de sérieuses difficultés liées à l’Economie, à la Santé, à l’Eau potable, à la Justice, à la Sécurité, aux violations des droits humains, à l’Etat civil, à l’Emploi, à l’Education, au respect du droit socioculturel, à la gestion des marchés frontaliers».
Sur ce dernier point, le porte-parole du RFJS a mis l’accent sur les violations des droits de la personne enregistrés dans les marchés frontaliers à l’encontre des commerçantes qui effectuent des transactions notamment aux marchés de Jimani/Malpasse, Limon et Duverger. « Des soldats Dominicains s’amusent à voler les marchandises de ces commerçantes. Il y en a parfois qui sont violées et même tuées.», a-t-il dénoncé tout en encourageant les responsables de l’Etat haïtien à mettre en place une politique frontalière garantissant les droits de ses citoyens-citoyennes.
Des représentants-es de la CARITAS, du Save the Children, du Service Jésuite aux Réfugiés et Migrants d’Haïti et de la République dominicaine, étaient présents dans cette activité de commémoration.
Une représentation théâtrale visant à sensibiliser la population et les responsables de l’Etat haïtien autour de la reconstruction de Fonds-Verrettes avait été offerte aux participants-es. Aux termes de la commémoration de cette tragédie et pour exprimer la volonté de tous pour participer à la réhabilitation de cette commune, des écoliers et membres de différentes organisations étaient invités-es à planter des arbres sur un morne avoisinant.
La commune frontalière de Fonds-Verrettes, d’une superficie d’environ 275 kilomètres, est située dans le département de l’Ouest, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale haïtienne. Elle compte plus de 45 000 habitants.
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