Des organisations demandent à l’Etat haïtien de garantir le droit à la sécurité et à la justice à Fonds-Verrettes
La Plateforme de Revendications des Organisations de Fonds-Verettes (PROF) a dénoncé la situation d’impunité, d’insécurité et d’injustice qui règne dans la commune de Fonds-Verettes, 5 ans après les inondations de mai 2004. Au cours d’une conférence de presse tenue au local du Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR), le 26 mars 2009, la Plateforme en a profité pour présenter un ensemble de recommandations aux autorités centrales. {{{Une commune de 45 000 habitants sans policier}}}Le commissariat a été emporté par les inondations de 2004. Depuis lors, cette commune de 45 000 habitants avec une superficie sept fois plus grande que celle de Port-au-Prince est livrée à elle-même. En 2008, une maison a été louée pour loger le commissariat mais les policiers se font toujours attendre. L’endroit qui sert de garde à vue n’est pas sécurisé, les personnes arrêtées ne sont pas surveillées et sont parfois libérées de force par des complices.{{{L’appareil de justice est quasi-inexistant à Fonds-Verettes}}}Selon les responsables de la plateforme, l’appareil de justice est dysfonctionnel. Le Bureau du Conseil d’Administration de la Section Communale (CASEC) et le Tribunal de paix de la commune utilisent les services d’individus dénommés « Informants » pour effectuer des arrestations ou pour d’autres actions. « Les « informants » agissent en toute impunité, sans aucun contrôle et réclament de fortes sommes d’argent des citoyens-citoyennes ; par exemple, ils exigent entre 250 et 500 gourdes pour la rédaction d’une lettre de plainte», renseigne Judith Pierre, trésorière de la PROF.{{{Plusieurs cas d’assassinats, de viols et de vols pour le premier trimestre 2009}}}De janvier à mars 2009, la plateforme a enregistré 2 morts, 5 cas de viols et a recensé d’autres actes de violation des droits humains. La plupart des victimes de viol sont des adolescentes. En outre, le vol de bétails est très répandu dans cette vaste commune frontalière. Selon la PROF, il existe un réseau de Dominicains et d’Haïtiens qui participent au vol des animaux à la frontière. Certaines fois, après la perte de leurs animaux, des Dominicains pénètrent sur le territoire haïtien pour s’emparer du bétail des paysans. Au cours du mois de février 2009, ils ont saisi puis emmené 8 mulets et un cheval après qu’on leur eut volés 7 bœufs, selon leur dire.
Par ailleurs, les responsables de la PROF ont exposé la situation qui prévaut à Fonds-Verettes sur le plan de la santé et de l’éducation. «Le principal centre de santé qui desservait la communauté, a fermé ses portes. Dans un autre centre encore fonctionnel, le personnel médical est disponible mais le matériel sanitaire fait défaut. La plupart des citoyens-citoyennes sont obligés de se rendre en République Dominicaine pour se faire soigner», ont indiqué les représentants de la Plateforme.En ce qui a trait à l’accès à l’Education, « Seulement 3 écoles nationales sont disponibles dans la commune de Fonds-Verettes qui compte une population dont plus de la moitié est âgée de moins de 25 ans ; certaines écoles privées débutent l’année scolaire et ne sont plus en mesure de la boucler à cause de l’incapacité des élèves à payer les frais scolaires », précise Jean Lestin L. Menès, délégué adjoint de la PROF. {{{Les recommandations de la Plateforme aux décideurs haïtiens}}}Face à cette situation, la Plateforme réitère les revendications exprimées en 2007 à l’attention des autorités concernées :- En vue de contrôler cette commune frontalière où la contrebande, le trafic et la traite de personnes sont courants, elle réclame la construction du commissariat de la ville et des sous-commissariats et leur dotation en ressources humaines et matérielles adéquates ;- Elle exige la nomination de juges compétents et non corrompus afin que les paysans puissent replacer leur confiance dans l’appareil judiciaire de la Commune;- Elle demande aux autorités la restructuration du Tribunal de Fonds-Verettes tant sur le plan physique qu’en ressources humaines;- Enfin, la Plateforme exige la présence de policiers qui maitrisent la réalité de la commune afin que la population puisse jouir d’un service efficace;Soulignons que du 3 au 5 avril 2009, la Plateforme de Revendications des Organisations de Fonds-Verettes de concert avec le Comité local de Droits Humains du Réseau Jeannot Succès, entreprend des activités de sensibilisation et de plaidoyer pour le respect du droit à la sécurité, à la Justice, et des droits des femmes dans cette commune frontalière.
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