Le GARR demande à l’Etat haïtien de remplir ses engagements d’assistance et de protection envers les réfugiés-es
A l’occasion de la Journée Mondiale des Réfugiés, célébrée le 20 juin, le Conseil d’Administration du Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) appelle les autorités de l’Etat à mettre en place les mécanismes nécessaires pour venir en aide aux réfugiés se trouvant sur le territoire, conformément à la Convention de Genève de 1951 signée et ratifiée par Haïti. Environ un quart de siècle après la ratification de cette Convention, l’Etat haïtien ne dispose encore d’aucune législation, ni d’une structure spécifique d’accueil et de traitement des dossiers de demandeurs-es d’asile qui, pour diverses raisons, notamment des persécutions politiques, fuient leur pays et choisissent Haïti comme terre de refuge. Entre 2008 et le premier semestre de l’année 2009, le GARR, dans le cadre de sa mission de protection des droits des réfugiés et comme Agent Honoraire pour le Haut Commissariat des Réfugiés (HCR), a accueilli et accompagné une quinzaine de réfugiés en provenance de la Caraïbe, d’Afrique et d’Europe. Loin de leurs pays, sans attaches familiales, dépouillés de tout avoir, et ignorant la langue locale, plusieurs personnes d’horizons divers se retrouvent en Haïti en butte à des difficultés de logement, d’alimentation, et surtout en quête d’une prise en charge humanitaire et légale. D’un autre côté, la République Dominicaine n’hésite pas à débarquer de temps à autre à la frontière des ressortissants de pays étrangers considérés comme Haïtiens, en raison de la couleur de leur peau ou parce qu’ils ont transité par Haïti. Le dernier cas en date est celui d’un Nigérian expulsé à la frontière de Belladère, en mai 2009. Malgré ses protestations et la présentation de son passeport établissant sa nationalité nigériane, il a été déporté vers Haïti avec des rapatriés-es haïtiens, sans aucun contact préalable avec la chancellerie haïtienne ou des autorités locales. Ces cas de réfugiés et d’expulsés ont tendance à augmenter et méritent une plus grande attention de la part des autorités publiques qui doivent établir un cadre légal et une structure formelle pour les prendre en charge.Il importe de souligner qu’Haïti compte en 2009, un grand nombre de ses fils et filles réfugiés-es en Amérique du Nord(Etats-Unis et Canada), en République Dominicaine, en Europe et ailleurs. Si le nombre d’haïtiens réfugiés et demandeurs d’asile politique a chuté ces derniers temps, en revanche, bon nombre d’entre eux établis dans différents pays font face à des difficultés de réunification familiale en raison des tracasseries pour l’obtention de papiers, en particulier les documents d’Etat Civil.Dans le cas de la République Dominicaine, selon les informations fournies par le Service Jésuite aux Réfugiés et Migrants(SJRM), sur 569 dossiers de réfugiés et demandeurs d’asiles enregistrés jusqu’en 2008, 89% concernaient des Haïtiens et haïtiennes. La plupart de ces derniers vivent dans des conditions exécrables qui les stressent, a souligné l’organisation dominicaine qui s’est vue maintes fois obligée de leur offrir un accompagnement psychologique et parfois psychiatrique. La politique d’immigration choisie en Europe, les mesures anti-terroristes adoptées par les États-Unis d’Amérique et la politique de « renvois temporaires » appliquée par le Canada contre les demandeurs d’asile rendent encore plus vulnérable la situation des réfugiés-es en général. Ces derniers sont de plus en plus considérés comme des « migrants économiques », et ne bénéficient plus des mesures de protection comme celle fondée sur le principe de non refoulement.Les étrangers réfugiés en Haïti et les haïtiens réfugiés à l’extérieur, font partie des 42 millions de personnes déracinées à travers le monde qui interpellent la conscience humaine. Elles ont chacune des besoins à satisfaire, un logement à trouver, un repas à prendre, une poignée de main à recevoir, bref une dignité à respecter. A l’occasion de ce 20 juin, Journée Mondiale consacrée aux Réfugié-es, le Conseil d’Administration du GARR exhorte l’Etat haïtien à une prise en charge effective du dossier des réfugiés-es se trouvant en Haïti.Pour le Conseil d’Administration du GARRSerge LamothePrésident
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