Multiplicateurs et multiplicatrices de genre : des personnes engagées pour l’équité entre hommes et femmes
Défendre les droits humains à la frontière entre Haïti et la République Dominicaine doit commencer par une défense de l’équité et le respect entre hommes et femmes, vu que les inégalités entre les deux sexes sont la source d’innombrables abus enregistrés au quotidien, à la frontière. Sur la base de ce constat, le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) a mis en place, en 2007, un programme de formation destiné aux membres d’organisations communautaires issues de 12 localités frontalières dans le but de les convertir en multiplicateurs/multiplicatrices sur l’équité de genre et la défense des droits des femmes. Les ressources étaient faibles et les attentes grandes. Toutefois, Le GARR espérait que ce groupe réduit de multiplicateurs/multiplicatrices serait à même non seulement de sensibiliser leurs communautés respectives sur le thème mais aussi de fournir un appui dans la défense et la prévention de cas d’atteintes aux droits de la personne en raison du sexe, comme les agressions sexuelles, la violence intra-familiale, le trafic et la traite de femmes et d’enfants. Le cycle de formation fut initié en 2007 avec 36 personnes, membres d’organisations de femmes établies à la frontière et du Réseau Frontalier Jeannot Succès pour la défense et la promotion des droits humains. Comme critères de base pour la sélection, l’intéressé-e devait s’engager à suivre l’intégralité du programme qu’il/elle devait restituer ensuite à sa communauté. Le programme comportait 10 ateliers de formation de 3 jours chacun. Au terme de chaque atelier, chaque multiplicateur-trice devait, à son tour, réaliser deux séances de restitution dans sa communauté. Au cours du séminaire de formation, les participants-es recevaient un manuel sur le thème et contribuaient à l’élaboration d’un guide méthodologique destiné à leurs communautés. Un séminaire additionnel consacré exclusivement à la « pédagogie populaire » a été également réalisé de sorte que les participants-es puissent se familiariser avec les outils de facilitation et d’animation populaire à employer au cours des activités de sensibilisation et de formation au sein des communautés concernées. En outre, les multiplicateurs-trices ont intégré l’organisation d’activités de sensibilisation de masse dans les évènements importants célébrés à la frontière comme la Journée internationale de la Femme, le 8 mars, ou la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le 25 novembre. La clôture de ce cycle de formation a eu lieu le 18 octobre 2008 par une cérémonie de graduation au cours de laquelle les multiplicateurs-trices ont été félicitées non seulement pour leur participation au programme, mais aussi leur dévouement et leur engagement dans la sensibilisation des communautés. Aujourd’hui encore, les résultats de ce processus peuvent être observés. En dépit du fait que le thème de « l’équité de genre » continue de susciter des réticences, des discussions, moqueries et rejets chez certaines personnes et au niveau de quelques localités, il existe au sein des communautés organisées de la frontière une tendance chaque jour plus accentuée à prendre en compte de manière distincte, les besoins et intêrêts des hommes et des femmes dans leur manière d’agir. Un nombre plus élevé de femmes décident de dénoncer les mauvais traitements reçus et généralement, dans leurs actions de dénonciations, elles recherchent l’appui d’un/e multiplicateur-trice ; on enregistre un plus grand nombre de cas d’abus sexuels dénoncés et pour lesquels on a pu obtenir un appui à la fois au niveau médical, légal et psycho-social, entre autres résultats. Les multiplicateurs-trices, de leur côté, continuent d’apporter leur contribution dans la mesure de leurs possibilités : offrant des causeries, accompagnant les victimes, voire engageant le débat en faveur de l’équité avec quiconque serait disposé à les écouter. Ils/elles sont la « preuve vivante » d’un processus réussi de formation appropriée qui, en dépit des difficultés rencontrées et des barrières socio-culturelles auxquelles ce thème s’est toujours heurté, a été générateur de changements dans les communautés frontalières. Changements peut-être minimes, mais changements tout de même. {Ce processus de formation a été appuyé par VOLENS à travers deux coopérantes qui ont collaboré avec le GARR entre 2006 et 2008 : Carine Thibaut et Angélica Lopez. }Traduit par le GARRSource: Volens America
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