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© Francisca Stuardo, 2011

Réflexions sur les 20 ans du GARR : entre retour aux faits marquants du passé et engagement pour affronter l’avenir

 Ce 15 décembre dans les jardins du GARR, les invités-es ont prêté toute leur attention pour suivre par la voix de trois intervenants, la machine à remonter le temps, un temps qui s’égrène en vingt longues années qui ont jalonné l’histoire du GARR depuis un certain mois de juin 1991.

D’une voix douce et claire, la première intervenante, Andrée Gilbert, rappelle les moments douloureux et amers des rapatriements massifs déclenchés par le gouvernement Balaguer. « On a déporté 65 mille personnes, parmi elles des Dominicains a la peau noire pris pour des Haïtiens. On est même entré dans un hôpital où une femme venait d’accoucher, on a déporté le bébé vers Haïti et laissé la mère là-bas ». L’intervenante a également signalé la présence à cette époque de la militante dominicaine d’origine haïtienne, Sonia Pierre venue en Haïti mener des démarches pour le retour de plusieurs membres de sa famille (des neveux, des nièces ainsi que sa sœur) expulsés en Haïti.

Les autorités haïtiennes débordées par ce flux d’êtres humains désespérés, démunis, humiliés, a sollicité le concours de plusieurs institutions qui allaient s’activer à travers une structure établie à Bon Repos vers le Nord de la capitale : le CARHA ou Centre d’Appui aux Rapatries Haïtiens. Les ressources venant à manquer, les sœurs de Ste Croix assurant la direction du centre ont lance un appel à la solidarité. Des volontaires issus de diverses institutions comme l’Association des Guides et Scouts d’Haïti, les Communautés Ecclésiales de Base, et d’autres groupes de jeunes ont aidé à l’accueil des rapatriés.

Cette conjugaison d’énergies positives face à ce problème crucial se concrétisera à travers une première plateforme où l’on retrouvera des organisations comme COHAN BRD, HAVAS, OXFAM GRANDE BRETAGNE, CARA, PROTOS HAITI, OXFAM QUEBEC et des organismes à statut d’observateurs comme Caritas International et Justice et Paix. Un programme de réinsertion des rapatriés est alors mis en place à travers le pays.

« Le flux de rapatriés qui atteignait 800 à mille personnes par jour, s’est arrêté net au premier jour du Coup d’Etat militaire contre l’ex-président Jean-Bertrand Aristide, en septembre 1991. », rappelle Andrée Gilbert. Après le retour en 1994, le gouvernement haïtien sollicita de la plateforme des propositions pour la gestion des rapatriements et l’une d’elles a été retenue et concrétisée a travers la création d’une structure nationale dédiée à la migration et c’est ainsi qu’a vu le jour l’ONM, l’Office National de la Migration.

Pour sa part, Colette Lespinasse, l’actuelle coordonnatrice du GARR, a souligné les lignes directrices des différentes périodes vécues par l’institution. Ainsi, des 1998, il a été décidé, outre l’accueil et la réinsertion, de s’engager dans un travail de plaidoyer.

Des thématiques comme la frontière, le trafic et la traite de personnes, les travailleurs migrants, la documentation, l’assistance légale et le suivi de cas graves de violations des droits des migrants par-devant la Commission Interaméricaine des Droits Humains ont marqué le travail de la plateforme durant les années 2000 à 2010 ; pendant cette même période, elle a contribué à la constitution d’un réseau de droits humains : le Réseau Binational Jeannot Succès qui deviendra plus tard le Réseau Frontalier Jeannot Succès. En outre, l’approche genre a été adoptée et le Bureau Exécutif du GARR dispose d’une équipe qui a déjà produit plusieurs matériels tels une valise pédagogique sur la situation des femmes dans la migration.

Depuis janvier 2010, le GARR s’est engagé dans un plaidoyer en faveur des déplacés internes du séisme, et le respect du droit au logement. La plateforme intègre aujourd’hui 8 organisations : Justice et Paix, Sant Pon Ayiti, RAJES, CRESFED, SKL, SEDEP, HSI et World Vision.

La dernière intervention à cette journée de réflexions sur les 20 ans du GARR a été celle du Père Yves Edmond, de Sant Pon Ayiti. Il a alerté l’assistance sur les lourds défis à relever. « La solution tarde encore à venir, dit-il, sur le dossier des rapatriements qui s’effectuent encore dans le non-respect des droits des migrants et en particulier du Protocole d’Entente sur les rapatriements signés entre les gouvernements Fernandez et Préval en décembre 1999 ».

Il faut s’attaquer aux racines du problème car, s’il est vrai que migrer reste un droit humain fondamental, toutefois, « il n’est pas normal qu’un si grand nombre de citoyens-citoyennes haïtiens se retrouvent à mener une vie de paria et d’exclus hors de nos frontières », selon le coordonnateur de Sant Pon Ayiti.

Il souligne la nécessité pour le pays de rechercher des solutions au niveau économique, social et culturel pour freiner cette migration massive de ses fils et filles fuyant un chômage endémique et des conditions d’existence infrahumaines.

Quant aux perspectives, le GARR, selon le Père Edmond, devra accentuer son plaidoyer en faveur d’une diplomatie haïtienne plus forte devant assurer de façon effective l’une de ses attributions fondamentales qui est la défense des citoyens-citoyennes haïtiens à l’extérieur ; continuer à promouvoir l’établissement de services sociaux de base dans les communautés frontalières, ainsi que le droit à la documentation de la population, tout comme l’octroi de laissez-passer transfrontaliers.

Entre autres perspectives, le GARR devrait se présenter comme un centre d’exposition permanente sur la culture, l’histoire, l’art et l’artisanat de l’île ; comme un centre de documentation au service des étudiants-es haïtiens et un espace de consultation ouvert aux autorités du pays tels les parlementaires.

Un tour de questions et de commentaires a suivi les trois exposés. Une étudiante a manifesté le souhait d’avoir accès à la documentation accumulée par l’institution au cours de ses vingt ans d’existence dans la perspective de la rédaction d’un mémoire. D’autres participants-es ont salué l’apport constant du GARR dans la défense de la dignité et des droits fondamentaux des migrants-es haïtiens durant ces longues années.

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