
Le GARR distingue une quinzaine de personnalités et institutions pour leur soutien à la cause des migrants-es haïtiens
Plusieurs personnalités et institutions ont été honorées par le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Refugiés (GARR) au cours d’une cérémonie d’hommages tenue le 16 décembre 2011, dans la capitale haïtienne.
Des moments d’intenses émotions ont marqué la cérémonie, en particulier à la remise d’une plaque d’honneur à la toute première fondatrice du GARR, en juin 1991. Il s’agit de Sœur Maureen de la Congrégation des religieuses de Ste Croix. Visiblement émue, elle avait demandé à une amie de lire son billet à sa place.
L’émotion était présente également à l’annonce de la distinction accordée à une ancienne cadre du Ministère Haïtien des Affaires Etrangères, Nicole Grégoire, disparue dans l’effondrement du bâtiment lors du séisme du 12 janvier 2010. Fonctionnaire attentive aux moindres soubresauts des relations haïtiano-dominicaines, elle était pour le GARR, généreuse de son temps dès qu’il s’agissait de la cause des migrants-es haïtiens. La famille avait désigné l’une de ses amies proches pour recevoir la plaque d’honneur, ce qu’elle avait fait, les larmes aux yeux.
L’assistance allait connaître aussi d’autres moments forts, tels à la remise d’une plaque d’honneur en mémoire d’un autre disparu, Jean-Claude Bajeux, fondateur du Centre Œcuménique des Droits Humains (CEDH). Son épouse, Sylvie Bajeux, présente en la circonstance, est restée silencieuse et il revenait au chercheur Laennec Hurbon qui l’accompagnait de rappeler l’importante contribution de ce militant à la cause des migrants-es haïtiens. Exilé sous le régime de Duvalier père, au début des années 60, Jean Claude Bajeux s’était bien vite intéressé au sort des travailleurs migrants qu’il visitait dans les bateys dominicains et cet engagement allait durer de longues années. Le GARR avait développé avec lui un partenariat fructueux.
Des plaques d’honneur ont été décernées à deux ardents défenseurs de la cause des laissés-pour-compte et des exclus d’origine haïtienne en République voisine. Il s’agit d’abord du prêtre belge Pedro Ruquoy vivant en Zambie (Afrique) et dont l’engagement lui a valu d’être séparé des exploités-es des bateys auxquels il avait appris à relever la tête ; et l’autre récipiendaire est la militante dominicaine d’origine haïtienne, Sonia Pierre dirigeante du Mouvement des Femmes Dominico-Haïtiennes (MUDHA) décédée le 4 décembre 2011, connue pour son combat inlassable contre la discrimination exercée à l’égard des descendants-es d’Haïtiens.
D’autres personnalités très actives sur le dossier de la migration haïtienne en République Dominicaine ont été également distinguées : le diplomate Guy Alexandre, ex-ambassadeur d’Haïti à Santo Domingo et l’ex-ministre des Haïtiens Vivant à l’Etranger, Edwin Paraison, actuel dirigeant de la Fondation Zile. Le premier a salué la constance du GARR et son souci permanent de proposer des pistes de solution ; et le dernier a relevé le rôle stratégique de cette plateforme car, a-t-il dit, les dénonciations et revendications produites en faveur des migrants-es haïtiens de l’autre côté de la frontière n’auraient pas eu le même écho s’il n’existait pas du côté haïtien, des organisations-relais comme le GARR.
Parmi les autres récipiendaires figurent : le septuagénaire Décla Polynice, originaire de Fonds-Parisien qui a fait don d’un terrain en 2003 pour la construction d’un village pour loger des rapatriés-es victimes d’expulsion à Malpasso ; la Canadienne Andrée Gilbert présente en Haïti depuis 1983 et fondatrice du GARR en 1991 ; l’anglaise Helen Spraos partenaire dévouée dans les interventions de la plateforme depuis une dizaine d’années ; l’ex-administratrice et collaboratrice infatigable du GARR, Kettelie Nestor, actuellement à l’étranger.
Citons également le Réseau Frontalier Jeannot Succès (RFJS), engagé depuis 10 ans dans la vigilance sur les cas de violations des droits de la personne à la frontière, des institutions de soutien de longue date comme les organismes néerlandais ICCO, belge VOLENS et britannique Christian Aid.
Au sein de l’assistance se retrouvaient des militants-es de droits humains, d’anciens collaborateurs du GARR, plusieurs représentants-antes d’organisations et des personnalités comme l’actuel ministre des Haïtiens Vivant à l’Etranger, Daniel Supplice, l’ex-Protecteur du Citoyen, Necker Dessables, le sénateur Mélius Hyppolite, et le maire de Belladère Lucner Emile qui avait fait le déplacement à cette occasion.
Dans son allocution de circonstance, le Président du Conseil d’Administration du GARR, Chavannes Charles, a rappelé l’urgente nécessité pour Haïti de ratifier la Convention internationale pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et de leur famille.
En fin de cérémonie, le Conseil avait distingué la coordonnatrice du GARR Colette Lespinasse pour son engagement exemplaire dans cette lutte en faveur des migrants-es dont elle a pris le flambeau il y a 20 ans.
Pour sa part, la coordonnatrice a rappelé que la cause des migrants-es haïtiens est la cause de tous et qu’il appartient à nous tous et toutes de conjuguer nos efforts, dirigeants-es, organisations de la société, citoyens et citoyennes pour concrétiser une meilleure gestion du pays en vue de garantir le respect et la dignité des fils et filles d’Haïti où qu’ils/elles se trouvent.
En ouverture de la cérémonie tenue à l’hôtel Le Plaza, à Port-au-Prince, le groupe musical Vodoula avait gratifié l’auditoire d’une composition dédiée à la militante Sonia Pierre et la troupe Dawome avait offert diverses chorégraphies durant l’activité.
Le présentateur, Patrick Camille, a rappelé à l’assistance que cette cérémonie d’hommages met un terme à une première série d’activités conduites entre le 13 et le 16 décembre 2011 pour commémorer les 20 ans du GARR.
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