Solidarité Frontalière fête ses dix années d’existence
Ce mois d’octobre marque le 10ème anniversaire de Solidaridad Fonteriza, une institution de l’Eglise catholique qui œuvre pour le respect des droits des migrants et réfugiés à Dajabon, plus particulièrement celui des Haïtiens. Une série d’activités dont un atelier de réflexion sur les impacts de la binationalité, ont été réalisée en la circonstance.Nous partageons avec vous ci-dessous un reportage de la section de communication de cette institution.{{Solidarité Frontalière célèbre ses 10 années de travaux avec les organisations paysannes, les organisations de femmes, les comités de quartiers et des migrants}}Dajabon, 15 octobre 2007. Solidarité Frontalière – SF- a célébré du 11 au 13 octobre 2007 son dixième anniversaire. A l’occasion, une messe, une activité culturelle, un déjeuner solidaire et un atelier de réflexion sur la binationalité ont été réalisés. {{La messe}} L’Eucharistie a été célébrée dans la matinée à l’Eglise Notre Dame du Rosaire par les prêtres jésuites Regino Martinez, Ramiro Pampols et José Nuñez, qui ont rendu grâce à Dieu en exprimant leur satisfaction pour le travail communautaire réalisé jusqu’à présent par le SF. Ils ont aussi mis l’accent sur l’importance de la présence du Service Jésuite à la Frontière à travers la SF, sa participation dans la gestion des différents conflits sociaux et économiques à Dajabón et les solutions apportées à certains problèmes.Le père Regino MartÃnez, directeur de Solidarité Frontalière -SF- a déclaré que la frontière {« fait face à une absence de légalité. C’est la tradition et la coutume qui priment lors de l’application des mesures politiques par les autorités locales des différents organismes de l’État Dominicain »}. Le père MartÃnez a demandé publiquement aux autorités de la province de Dajabón d’appliquer les lois et protocoles d’accords reconnus et approuvés jusqu’à présent par les Gouvernements dominicains et haïtiens.Le coordonnateur national du Service Jésuite aux Réfugiés et Migrants -SJRM-, le père José Núñez, a profité de l’occasion pour expliquer que le SJRM est une institution internationale, elle ne travaille pas seulement avec les Haïtiens mais, elle appuie les migrants-es et réfugiés les plus vulnérables dans les cinq continents.{ « En République dominicaine nous travaillons avec les Haïtiens parce qu’ils représentent l’un des groupes de migrants-es et réfugiés les moins considérés par les politiques gouvernementales, mais à Porto Rico, New York et Californie, nous soutenons surtout les Dominicains et même les Mexicains qui y résident »,} a précisé le père Nuñez dans son intervention lors de la messe effectuée en l’église Notre Dame du Rosaire de Dajabón.De son côté le curé Ramiro Pampols, de Solidarite Fwontalye – SFW – de Wanament, Haïti, a salué cet anniversaire et a imploré Dieu pour que {« ces institutions cessent d’exister un jour et donnent place à un monde sans frontières, où les êtres humains auront une vie meilleure ».}Après la célébration de la messe, les invités-es se sont rendus à l’édifice logeant les bureaux de SF, où un spectacle artistique et un dîner ont été offerts. {{Atelier sur binationalité}} Dans le cadre de ce dixième anniversaire, un atelier de réflexion a été réalisé à l’intention du personnel des trois bureaux du SJRM sur le thème : « La binationalité et ses impacts économiques et culturels dans les communautés frontalières ». Haroldo Dila Alfonso, Directeur de l’organisation «Villes et Frontières » et conférencier du jour, a expliqué qu’en République Dominicaine, depuis l’époque de Trujillo (où la frontière était considérée comme une muraille) jusqu’à aujourd’hui, il existe une préoccupation de l’État par rapport à cette zone. Ce qui se manifeste à travers la rédaction de quelques lois et protocoles d’accords, contrairement à ce qui se passe en Haïti où les Gouvernements montrent un total désintéressement par rapport aux résidents des villages de la ligne frontalière. Le directeur de «Villes et Frontières » a attiré l’attention sur quelques préjugés et concepts qui sont jusqu’à présent émis et réitérés publiquement par quelques secteurs dans l’opinion publique et par les médias qui ignorent que depuis 1867, la Constitution haïtienne ne contient plus la phrase « l’île unique et indivisible ».L’enquêteur Haroldo Dila croit que jusqu’à présent l’activité commerciale entre Haïti et la République Dominicaine est plus bénéfique aux producteurs et commerçants dominicains qu’aux haïtiens, puisque les produits exportés sont surtout utilisés par les citadins haïtiens pour la survie de leur famille. Selon lui, les dominicains vendent au consommateur haïtien pour plus de 300 millions de dollars par an, tandis qu’ils achètent d’eux pour seulement 60 millions. (Fer et ciment gris non inclus). Dans le cas des vêtements usagers, Haroldo a révélé, que contrairement à ce que l’on pense, ils ne viennent pas directement d’Haïti. Ils sont transités par les douanes dominicaines vers la nation voisine pour ensuite retournés sur notre territoire. Il a accusé les puissants commerçants économiquement placés dans l’axe Santo-Domingo-Santiago-San Juan de la Maguana qui, selon lui, sont les principaux bénéficiaires de l’importation des vêtements usagers qui viennent du Chili, des États-Unis et de l’Europe.Haroldo Dila Alfonso a également expliqué que le riz américain est un don des Etats-Unis au peuple haïtien, mais « celui-ci le vend pour acheter de la brisure que laissent les meuniers dominicains lesquels leur facilitent la sortie de ce type de riz non consommé par les Dominicains ».Par rapport au Vodou, M. Alfonso croit qu’il est vu en République Dominicaine comme une activité fétiche et non comme une religion pratiquée par le peuple haïtien descendant de l’Afrique, ce qui lui permet de renforcer son identité et d’avoir une unité dans la culture afro-caribéenne.Il a terminé son exposé en exhortant à l’amélioration et le renforcement des relations commerciales et culturelles entre les deux nations et en proposant la diffusion d’informations à l’opinion publique dominicaine et haïtienne sur les détails de la consommation des produits dominicains par les acheteurs haïtiens, estimés à des millions de dollars chaque année.{Traduit par le GARR, le 19 octobre 2007}
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