Débats à Port-au-Prince sur le dossier de la non-documentation des migrants/es haïtiens en République Dominicaine
Deux représentants du Service Jésuite aux Réfugiés et Migrants/SJRM : Sonia Adames, en poste à Santo Domingo et Gustavo Toribio, à Dajabon, ont présenté fin février, dans la capitale haïtienne, un double exposé sur l’absence de documentation des ressortissants/es haïtiens et leurs descendants nés/es sur le sol dominicain.« Il faut éviter de considérer les migrants haïtiens comme un seul groupe» prévient Sonia Adames qui dit relever l’existence de 4 groupes distincts en relation avec la documentation : les travailleurs migrants de longue date, leurs descendants/es, les travailleurs établis depuis quelques années et ceux fraîchement arrivés.L’ensemble de ces 4 groupes de personnes confrontent des problèmes de documentation et le Service Jésuite aux Réfugiés et Migrants a déjà adressé des propositions à l’Etat dominicain pour la régularisation du statut des membres de cette importante communauté dont la contribution à différents secteurs de l’économie a été largement démontrée. Le SJRM a réitéré ses propositions au récent Sommet organisé à l’initiative du président Leonel Fernandez, début février. Cependant, la position du SJRM était minoritaire au sein de l’Atelier Migration et frontière tenu dans le cadre de ce Sommet, déplore Sonia Adames. {{{Les propositions}}}De l’avis du SJRM, les travailleurs migrants de longue date devraient bénéficier de la résidence dominicaine. Ce sont en majorité d’anciens braceros amenés, à la faveur de contrats d’embauche signés entre les deux Etats haïtien et dominicain. Comme documentation, on leur avait attribué une fiche d’usine à leur arrivée. Ils ont perdu toute attache familiale véritable avec Haïti et n’envisagent guère d’y retourner après plus de 25, 30, 40 ans vécus en République Dominicaine.Quant à leurs enfants nés/es sur le territoire, le SJRM revendique à leur égard, l’application du droit à la nationalité dominicaine comme stipulé dans la Constitution encore en vigueur.Pour le groupe des travailleurs sans papier établis depuis quelques années sur le sol dominicain, le Service Jésuite préconise la signature de contrats de travail et l’octroi de permis de séjour. Dans la réalité, «les superviseurs agricoles et les responsables de chantiers de construction sont hostiles à la régularisation des travailleurs haïtiens», s’indigne le conférencier Gustavo Toribio, ajoutant qu’« en l’absence de contrats formels, ces patrons d’entreprise ne sont pas tenus de respecter toutes les obligations prévues par la loi, en matière de prestations laborales et de sécurité sociale»Quant aux travailleurs migrants dépourvus de documentation et arrivés de fraîche date, le SJRM estime qu’ils/elles doivent être traités/es comme tous les étrangers accueillis sur le territoire. La situation de ces personnes est compliquée, admet Sonia Adames, car, déjà en Haïti, elles ne sont pas identifiées et n’ont même pas un acte de naissance, document nécessaire pour l’obtention d’un passeport. La représentante du SJRM exhorte l’Etat haïtien à veiller à la documentation de ses citoyens et citoyennes afin qu’ils soient mieux aptes à faire valoir leurs droits à leur arrivée en République Dominicaine. {{{Les débats}}}Les débats qui ont suivi les exposés de Sonia Adames et Gustavo Toribio ont porté entre autres, sur l’annonce faite au Sommet d’octroyer la naturalisation aux enfants de migrants/es haïtiens nés entre 1950 et 2004. Le SJRM critique cette démarche, car «ces personnes nées sur le territoire ont déjà droit à la nationalité dominicaine, en vertu de la Constitution» affirme Sonia Adames, qualifiant cette approche comme étant «l’expression d’un préjugé».Cette conférence-débats animée par Gustavo Toribio et Sonia Adames dans les locaux du GARR, rentre dans le cadre de la campagne d’information, de sensibilisation et de Plaidoyer menée par cette plateforme, de concert avec plusieurs organisations locales en faveur d’un système d’Etat Civil sans discrimination, sans exclusion, en particulier à l’égard des femmes et des enfants.
No Comments