13 août 2002 : il y a 2 ans, le jeune haïtien Jeannot Succès mourait sous la torture dans la caserne dominicaine de Canada
Les militaires impliqués dans le meurtre, dont le commandant de la caserne, le lieutenant Luis, n’ont pas été traduits en justice, à ce jour.Aucun rapport d’enquête n’a été rendu public en dépit des engagements du général Florian, en charge du district militaire de Caňada, au moment du drame. « Je vais tout de suite adresser une dépêche à Santo Domingo pour obtenir les résultats de l’enquête dans l’immédiat, car, nous sommes disposés à collaborer pour que lumière soit faite sur ce dossier » avait assuré le général Florian à un groupe d’avocats dominicains, le 9 mai 2001.Quant au gouvernement haïtien, il n’a pas manifesté un intérêt soutenu dans le suivi du dossier. Au point que des proches du défunt jugèrent bon, en février 2001, d’adresser une lettre ouverte aux instances concernées, les exhortant à leur fournir un appui plus conséquent et responsable dans leur quête de justice. « En se montrant incapable de réclamer justice pour le sang de ses citoyens, l’Etat haïtien se veut-il à l’opposé de tout autre Etat digne de ce nom ? » s’interrogeait amèrement la famille de Jeannot Succès.Le 1er juillet 2001, des représentants d’organisations haïtiennes et dominicaines de défense des droits des migrants, réunies à Port-au-Prince, ont décidé de garder vivant le souvenir du migrant assassiné. Elles ont associé son nom à un réseau de moniteurs engagés dans la défense des droits humains à la frontière, dénommé RÉSEAU BINATIONAL JEANNOT SUCCÈS DE DÉFENSE DES DROITS HUMAINS.En juillet 2002, le Réseau tenait sa première assemblée générale dans la ville de Santiago, en République Dominicaine et renouvelait l’un de ses objectifs prioritaires qui est d’œuvrer au niveau binational pour que des actes comme celui perpétré contre Jeannot Succès ne se répètent plus.Jeannot Succès, 22 ans, était originaire de la localité de Roche Plate dans l’Artibonite. Marié en mars 2000, il avait décidé, cinq mois plus tard, de franchir la frontière en quête d’emploi. Après un accident de transport, d’oừ il était sorti indemne, il reprenait le chemin du retour quand il fut appréhendé et incarcéré dans la caserne de Caňada, avec 2 autres compagnons de route. Là, il fut battu à mort, le 13 août 2000. Sa jeune épouse, reçut un choc à l’annonce de la nouvelle et perdit par la suite, l’enfant qu’elle portait. (12/08/02)Près de 3000 enfants haïtiens victimes d’un trafic vers la République DominicainePar Colette Lespinasse, www.garr-haiti.org
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